BEFORE TODAY WAS TOMORROW

MOTOKO TACHIKAWA

3 septembre - 11 octobre

Vernissage : 5 septembre 13h-19h

BEFORE TODAY WAS TOMORROW

C’est une méditation sur le temps à laquelle nous invite Motoko Tachikawa.
L’absence définitive, l’abandon, la course des jours. Chaque jour d’après est à marquer d’une pierre blanche, d’une coquille d’œuf ou d’une bougie.

Le monde végétal de Motoko reflète aussi sa perception de l’humain. Il en retourne des hommes comme des mauvaises herbes.
Un réfugié, un exilé, un homme épris de liberté au sein de la dictature est un chiendent. Il est beau, il est entier, il est intègre. Sa mort fracasse. Un monde se brise comme une coquille et donne sur le vide. Vide sidéral et sidérant. L’élégance de Tachikawa et sa pudeur racontent cela. Comme la coquille, c’est léger, minutieux, naturel. Dans l’infime, dans l’apparent anodin, tout s’exprime.

Dans son procédé plastique, elle note d’abord ce qui se révèle, chaque jour elle casse des œufs et préserve les coquilles parce qu’elles sont belles et uniques dans la multiplicité de leurs fractures. Chaque jour, elle allume une bougie. Elle consigne. Et de l’observation de ces actes naît la série. Le son léger de la brisure est déchirure, les nuances, les jeux d’ombres, les restes de cire, autant de subtiles variations. Elles racontent le tout, à travers ces riens qui nous traversent, devraient nous alerter et qui, in fine, nous constituent. Des livres d’art se déploient en kakémonos transparents, des écrans de plantes rebelles se déroulent et ponctuent l’espace. Le regardant parcourt, déambule au gré de séries d’œuvres éclectiques, où se dévoilent réflexions et actes plastiques. Le temps est cheminement. Au-dessus des abîmes flotte le sourire de Motoko. L’art est comme un rameau. L’âme, légère. La fêlure lézarde le néant / La fêlure est éclosion / La fêlure abouche au vivant. La plante, estampillée mauvaise ou autre, se fiche de son étiquette, germine et constitue la beauté des champs, réels et perceptifs.

Les morts nous accompagnent. Et nous de tourner des pages. De poursuivre notre chemin sur les sentiers verdoyants.

Pulchérie Gadmer

Where are we now Où sommes-nous maintenant Photos : coquilles d’œufs (détail), 48 x 560 cm, 2020

Where are we now Où sommes-nous maintenant Photos : coquilles d’œufs (détail), 48 x 560 cm, 2020

FR

Motoko Tachikawa est maître en rituels.

Son travail s’organise avec minutie autour d’étapes circonstanciées et d’actions consécutives. D’abord, elle observe, puis sélectionne, enfin immortalise certains composants aléatoires. Elle archive certains éléments choisis dans un artefact final prenant la forme d'une toile, d’un livre, d’une collection de photographies ou de dessins.

Une grande partie du travail de Motoko Tachikawa est centré sur le végétal. Orchidées, pétales, photographies de champs, ou tout dernièrement la série Mauvaise herbe, qui est un riche corpus de travaux autour des plantes indésirables du jardin. Suivant ses rituels, elle a d’abord observé, puis photographié et scanné des centaines de mauvaises herbes, les recueillant dans des collages artistiques, les transformant en objet recherché plutôt qu'indésirable.

La seconde partie de son travail tourne autour de l'archivage du passage du temps. Que ce soit par l'observation délicate des objets que sa fille collectait pendant son enfance (Les trésors de Yukiko), ou par la documentation soigneuse des médicaments de son père sur son lit de mort (Morning, Noon & Night), il semble que l'essence du travail de Tachikawa pivote sur l'éternelle interrogation humaine du dualisme de la vie et de la mort.

Sa dernière série - Egg Shells - exposée à la Galerie Mansart à partir du 3 septembre, rassemble des coquilles d’œufs cassées amassées depuis de longs mois. Selon les propres mots de l'artiste :
« Chaque fois que je casse un œuf, j'ai l'impression de briser un petit monde ... un monde très fragile. Et l'intérieur est vide ... »

EN

Motoko Tachikawa is a master of rituals.

Her work is meticulously planned around stages and actions. She will actively observe, later select, then immortalize certain components, in order to eventually archive the elements intro a final artefact. This can take the form of a painting, a book, a collection of drawings or photographs.

A big part of Motoko Tachikawa’s work is centered around nature. Orchids, petals, photographs of fields, or lately - the series Unwanted Plant - a full body of work revolving around garden weeds. Following the above-mentioned carefully planned ritual, she observed, photographed and scanned hundreds of weeds, collecting them in fine art collages, giving them a wanted, rather than an unwanted role.

The other part of her work revolves around the archival of the passing of time. Whether through mindful observation of objects her small daughter would collect during her childhood (Les trésors de Yukiko), or through the attentive documentation of her father’s medicine on his death bed (Morning, Noon & Night), it seems as the essence of Tachikawa’s work pivots on the everlasting human query of dualism of life and death.

Her latest series - Egg Shells - on view at Galerie Mansart starting on September 3rd, records many long months worth of broken eggs. In the artist’s own words:
“Every time I break an egg, I feel like I am breaking a little world...a very fragile world. And the inside is empty... ”

Gabriela Anco

 

Née à Tokyo, Motoko Tachikawa vit et travaille à Paris depuis 1992.

Sa recherche plastique se nourrit depuis longtemps des possibilités offertes par les diverses formes végétales. Diversité qu’elle consacre aussi dans ses supports de création, que ce soit par le dessin, le travail sur toile, autant que par la photo ou le livre d’artiste.

Parallèlement, sa création est intimement liée à ses expériences, sa vie, sa famille. Elle se propose d’enregistrer le passage d’une temporalité accumulée par les changements qui se produisent dans notre vie, dans nos esprits, et offre une réflexion sur le passé.

Le livre d’artiste se présente à elle comme un extraordinaire support de création lui permettant de partager avec le public sans autre intermédiaire que sa propre création. Cette volonté de proximité l’a poussé à réaliser une soixantaine de livres d’artiste depuis 2000, en édition unique ou limitée. La relation transversale entre l’intime et l’identité culturelle et sociale relie ces livres.

Ses œuvres ont été acquises par plusieurs institutions et musées nationaux tels que le Centre George Pompidou, MACVAL et de nombreuses bibliothèques municipales en région et à l’international (Victor & Albert Museum à Londres, Bibliothèque nationale du Luxembourg, Bibliothèque de Lausanne, Musée d'Art Moderne de Canton, Tama Art University Museum - Tokyo…).

Prix et séjours récents :

2018 Mention Honorable, 8th International Artist’s Book Triennial, Vilnius (Lituanie)
2015 Séjour à Londres avec une bourse de l’Agence des Affaires Culturelles du Gouvernement Japonais
2005 et 2012 Séjour à Cill Rialaig Residence for Artists - Irlande

Expositions personnelles récentes :

2020 Médiathèque de Quimper
2019 Galerie 48 Lyon
2018 Médiathèque de Boulogne-Billancourt
2015 Galerie Mansart Paris
2014 Galerie 48 Lyon

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