CES CORPS QUE TU N’AS PAS À CRAINDRE

TIBO

5 - 26 septembre 2021

Vernissage : 4 septembre 18-22h

20h30

Avec une performance de Corinne Fhima
Eve waiting for the wolf
 
performance / slam, durée : 4mn

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Ces corps que tu n’as pas à craindre

Rencontrer de nouveaux corps.

Se rapprocher d’eux sans crainte de contamination.

Une proximité sans virus.

Du sexe sans IST.

La possibilité de la contamination nous fait appréhender la rencontre de l’autre dans la rue et la présence d’une personne dans un espace clos de manière inédite ; c’est dans cette nouveauté que j’ancre ce travail et cette réflexion.

Ces mannequins sont des toiles vierges sur lesquelles intervenir, des corps rendus sensibles et rendant visibles les désirs et incarnant des allégories de fantasmes humains.

Un corps n’est pas uniquement un objet que l’on contemple, c’est aussi une chose dont on se rapproche, dont on veut sentir, sans forcément le voir, la présence derrière nous ; en imaginer la chaleur ou du moins le toucher de l’aura.

L’intervention sur ces corps est inspirée librement d’entretiens avec des personnes travaillant dans la galerie et ses abords ou encore par le biais d’annonces. 

Se trouvent sur ces corps des couleurs, des lieux, des parfums, des chevelures, des sexes, des accessoires révélant des tendances mais aussi peut-être des rêves inavouables. 

Ils portent des détails plein de sens, parlant des désirs de l’humanité, pendant que celle-ci s’interdit d’aller vers le nouvel autre, l’étrangerx, l’homme, la femme, trans ou cis inconnux.

Le sexe n’est pas nouveau, ni le fantasme et encore moins la question de l’Autre. 

Cependant nous en faisons une autre lecture : frôler une épaule inconnue, serrer cordialement une main et prendre un ou une amie dans ses bras, sont des gestes ayant subi un déplacement dans notre part du sensible.

Certains ont arrêté de rendre visite à leurs parents ou à leurs grands-parents.

Pour ne pas les tuer.

Dans un temps de vie où la rencontre ne se fait plus, ou du moins pas sans risque, j’invite à pénétrer dans une galerie de corps et de proximité sans maladies transmissibles, dans un ensemble de sexualités imagées et diverses, sans jugements.

La vie doit encore être présentée.

Tomber malade en fait partie et nous ne prenons plus le risque de mourir.

Tibo Grougi

Corinne Fhima, Eve waiting for the wolf, performance

Corinne Fhima, Eve waiting for the wolf, performance

Dans cette performance, EVE, mon alter-ego, est en costume de chaperon rouge sexy. Elle slame la comptine enfantine « Promenons-nous dans les bois », à la façon Karaoké.

Dans cette performance, comme dans tout mon travail plastique, le corps féminin hyper sexualisé est au centre. Je joue sur l’ambivalence entre la femme/l’enfant, la conscience/l’innocence, la réalité/le mythe. 

Les souvenirs de l’enfance referont surface au fur et à mesure que EVE est en mouvement et chante la comptine : les bois, le loup, le panier à provision, la peur, le corps comme nourriture, le chasseur, la fin de la peur, la renaissance.

Corinne Fhima

Exposition réalisée avec le soutien de :


Photo : Julien Ezzano


Entretiens

1.

Entretien: JLV et Tibo,  « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

T: Est-ce que dans un premier temps, tu peux me parler de ton partenaire sexuel idéal plus ou moins fantasmé et en deuxième partie comment vis-tu maintenant ton absence de libido après ce coma, si tu acceptes qu’on procède comme ça?

JLV: Oui et bien c’est très simple et ça va être assez rapide. Pour la première question, c’est que justement je n’ai pas d’image. Il n’y a rien, il n’y a aucun élément de cristallisation. Il n’y a plus rien qui pourrait me stimuler, j’ai rangé ça.

T: Oui mais avant que ce ne soit rangé?

JLV: Ah, avant que ça ne soit rangé, je suis passé par plein de phases, comme tout le monde. J’ai aimé un moment les hommes très musclés, j’ai aimé les hommes très poilus, les hommes arabes, j’ai aimé les hommes noirs, les hommes plus vieux que moi, un homme plus jeune que moi, mal membré d’ailleurs. Voilà, après je n’ai jamais eu, comme beaucoup de gays, qui disent: «moi de toute façon, le mec idéal, ça doit être comme si, comme ça, machin…», moi je n’ai pas eu ça du tout. J’ai eu des amants de 70 ans, des amants qui avaient 20 ans de moins que moi. Voilà, en plus j’ai été pute pendant 6 ans de 15 à 21 ans donc j’ai eu toute sorte d’accointances avec plein de sexualités différentes, que j’aimais ou pas, généralement pas. Mais je n’ai jamais eu de dégoût pour certains corps, certains âges, certaines ethnies ou religions. Bon, si, je n’aimerais pas coucher avec un mec du Front National, ça m’est déjà sûrement arrivé parmi mes clients, mais j’aurais pas aimé coucher avec un macroniste. J’ai vécu pendant 6 ans avec une fille, pendant 1 an avec une autre fille.  La première personne de qui je suis tombé amoureux c’était une fille. Tu vois j’ai jamais été intégriste dans quoi que ce soit de ce genre là. Je trouve qu’on est dans une société extrêmement violente de par le fait qu’on est élevé et encouragé à être absolument sexuel pour être dans la norme. Il faut baiser ou être baisé, il faut avoir une sexualité. Les injonctions à faire jouir, à jouir ou à bien jouir. 

T: Oui mais tu as été comme ça toi non? Tu as été quelqu’un d’extrêmement sexuel? 

JLV: Non non, enfin Oui… oui, mais d’une façon pathologique. La joie était feinte, c’est comme quand on prend de la cocaïne et qu’on imagine qu’on a une très grosse énergie. Toutes ces choses sont induites. 

T: Quand tu dis pathologique,  tu veux dire que tu avais une forme d’addiction au sexe? 

JLV: Pathologique parce que ça prend trop de place, trop d’énergie, trop d’intérêt, trop de temps et voilà, c’est comme la drogue. 

T: Comme une nymphomane ? 

JLV: Non pas comme ça. Mais tu vois à un moment assez bref, j’ai cru que j’étais gay. Donc il y avait une injonction à être sur le marché, à être actif, à avoir certains comportements par rapport aux autres hommes; pour me sentir un peu normal, un peu moins « freak » alors que c’est très bien que je sois un « freak », c’est très bien comme ça, je m’en fous tu vois. Que ce soit pour la drogue ou pour la sexualité, je pense qu’on est dans une société où les choses récréatives prennent trop de place de toute façon. Le truc de la sexualité prend trop de place et ça n’a aucune importance. Je me moque de ce que les gens font de leur cul ou de leur bite ou de leur chatte, je m’en fous complètement. Les gens qui se définissent d’abord par ça, par leur goût sexuel, je trouve ça pénible et je trouve que c’est très réducteur. Ça veut dire que si vous n’êtes qu’une bite ou qu’une chatte, vous n’êtes pas grand chose autour, et ça, ça me laisse très très perplexe. De même, on parle de fierté mais je ne vois pas pourquoi je serai fier d’être homosexuel. Je ne suis pas fier de quelque chose que je n’ai pas choisi, je suis né comme ça. Est-ce que je suis fier d’être châtain, est-ce que je suis fier d’être chauve, est-ce que je suis fier d’avoir la peau blanche? C’est la même chose. Ou alors ça veut dire qu’on a choisi sa sexualité et dans ce cas les thérapies de conversion ont une raison d’être. Être fier de sa sexualité…  je m’en branle, je préfère être fier de ce que je fais, donc je me démarque une fois de plus de mes chers cousins très très très très lointains gays. Il se trouve que j’étais homosexuel pendant 95% de ma vie, mais ça n’a aucune importance et, ça n’a jamais eu d’importance. Qu’il y ait une lecture gay ou queer ou je m’en fous de quel mot de merde de mon travail; bien sûr qu’il y a une entrée là-dessus, mais qu’on me réduise à ça, comme je ne dessine pas avec ma queue et je ne peins pas avec mon slip, ça n’a pas lieu d’être. « Artiste homosexuel », pour moi très bien, alors allez décorer les bars du marais!

T: La manière dont tu as pu construire un personnage, à mes yeux en tout cas, c’est que tu m’as laissé voir que tu étais encore plein de désir. Tu m’avais parlé de manière assez belle de ce qui te plaisait dans le corps d’un homme, qu’un homme ne commençait à être attirant qu’à partir de 35 ans et que ce qui t’intéressait dans son corps ce n’était pas tellement les choses extérieures mais sa densité, la densité du corps d’un homme. 

JLV:  Mais tout le monde fait le pitre et tout le monde crée un personnage. Oui mais on n’est pas dans le fantasme sexuel à réaliser. Mon mari, j’adore le regarder par exemple, ça c’est vrai. Il y a des hommes que j’aime regarder comme ça dans la rue parce que c’est vrai je trouve qu’il y a une certaine densité. Ils ont quelque chose qui va au-delà de l’image de papier glacé ou de l’instagramer qui montre ses tablettes de chocolat ou son slip particulièrement bien fourni ou sa fesse rebondie, j’en ai rien à foutre. Il y a beaucoup d’hommes et beaucoup de gays, tristement qui veulent ressembler à des photoshop vivants et pour moi ça n’a aucune densité. C’est du papier glacé qui marche dans la rue. Et le papier glacé, ceci dit, n’appelle qu’à une chose, c’est de se faire coller par une éjaculation, donc c’est très bien, il n’y a pas de problème pour eux, ni pour moi d’ailleurs. Je suis sur quelque chose d’autre, je l’ai toujours été et je le suis évidement par la force des choses plus que jamais. 

T: Et j’aimerais aussi revenir sur un point important que tu as dit; quand tu as dit qu’on n’est pas qu’une bite, on n’est pas qu’une chatte… La raison pour laquelle je fais ce projet et que je parle de sexe, c’est parce en regardant tout les textes de références qui relatent des paraphilies et des fantasmes, force est de constater que le sexe est un champ d’action et d’étude qui agit comme un révélateur d’authenticité pour l’humanité. Ce qui revient assez souvent c’est qu’il n’y a pas d’action dans le sexe, il n’y a que de la réaction. C’est-à-dire que j’ai l’impression qu’une sexualité se modèle en fonction de la vie, qu’on a et si notre vie change, notre sexualité, nos fétiches nos fantasmes, ce qu’on projette, vont changer également. 

JLV: Oui pour les gens les plus intelligents, pour les gens qui veulent bien avoir une souplesse. Après, il y a tout a un tas de personnes qui ont une vie qui change, ne serait-ce que par le vieillissement et qui s’accrochent absolument, pour se sentir jeune, à de vieilles modalités et qui sont de moins en moins acceptées par les autres et qui en souffrent, ce qui entraine des névroses. Étudier l’humanité par le biais des sexualités et de l’histoire des sexualités, c’est tout à fait noble parce qu’à la base nous sommes des animaux, de toute façon nous sommes parcourus de pulsions. Ce qui est bien, c’est que l’absence de pulsions ou la disparition de la pulsion fait partie de l’étude et ça c’est très important. 

T: Oui c’est pour ça que je ne t’ai pas dit : « Bon ben JL, tu n’as plus de libido, du coup je ne t’interviewe plus, tu ne m’intéresses plus ». Tu as tout à fait raison dans cette notion de pulsion dans le sexe, mais ce qui est intéressant c’est qu’il y a des personnes qui ne sont pas du tout là-dedans, qui ne sont pas intéressées par le coït, qui ne sont pas intéressées par l’orgasme ni par la performance et ça c’est aussi une grande partie de la sexualité de l’humanité. Il y a des espèces de fantasmes et ce qui m’intéresse c’est pas de faire un spectacle de telles ou telles pratiques sexuelles, mais de les comprendre dans leur rapport à l’autre. C‘est aussi surtout le fait de savoir que l’avisodomie, briser le coup d’un oiseau en le sodomisant, et le simple fait que ça soit répertorié, ça veut dire que c’est une sexualité qui a été vécue par plus d’une personne. Pourquoi cette pratique et pas une autre? Et qu’est-ce que ça veut dire de l’humanité? Qu’est-ce que ça veut dire de la société dans laquelle on vit? Est-ce que c’est quelque chose qui a été pratiqué récemment ou pas? C’est ça qui m’intéresse. Donc si jamais je devais donner une image au désir passé, est-ce que je prendrais quand même en compte cette sorte de densité à laquelle tu as été sensible? 

JLV: Je pense que c’est plus intéressant encore de donner une image du présent. Parce que dans le passé, je suis passé par tout un tas de stades par lesquels plein de gens sont passés. 

T: Alors qu’est-ce qui se passe présentement? 

JLV: Mais rien, c’est ça qui est merveilleux. C’est la transcendance totale. Je ne sais pas moi, représente une poupée de verre, c’est un mannequin albinos, c’ est l’ombre d’une poupée au mur. C’est le fait de pouvoir, après s’être senti diminué de pouvoir se sentir enrichi. D’avoir plus de tout. Tu vois je n’ai pas moins de choses, j’ai plus de choses. J’ai plus de temps, j’ai plus d’énergie, j’ai plus d’amour. Oui je me suis senti diminué au début, c’est un deuil à faire, imagine-toi, je ne sais pas si tu le prendrais bien tout de suite.

T: C’est une telle transcendance parce qu’avant ta libido était une telle aliénation? 

JLV: Non, c’est qu’avant je ne savais pas où le mettre. Il y a plein de gens qui restent avec quelqu’un qu’ils n’aiment pas beaucoup, uniquement parce que le sexe est bon. Il y a plein de couples qui sont avec ce seul mortier pour tenir les pierres qui ne veulent plus tenir ensemble: « Il est con mais il me fait jouir » ou alors « c’est vraiment une merde, mais il a une queue énorme ». 

T: C’est pour ça que je t’avais envoyé le nom de cette paraphilie répertoriée, « Agenobiosis: couple marié qui consent à vivre ensemble sans sexe ».

JLV: Une fois que l’ourlet à été raccourci, il faut voir si la robe tombe mieux.

T: Et pour toi elle tombe mieux que jamais?

JLV: Ah oui!

T: Et est ce que peut-être d’une autre manière ou sous une autre forme, il y a encore du sexe dans ta vie? 

JLV: Non. 

T: Pas du tout? 

JLV: Non, il y a l’amour, il y a la tendresse. Ce sont des choses qui sont très occultées, souvent par le sexe. On met dans cette case beaucoup de choses et du coup on le met pas ailleurs. Le soin à l’autre, l’intérêt, toutes ces choses… Je ne parlerais pas de pureté car ça, ça n’existe pas. Mais quelque chose qui dure plus, qui est moins furtif, moins à répéter. Quelque chose qui, après la vie, peut être de la même couleur que pendant la vie. 

T: C’est très beau! Quel poète! (rires). Mais tu parles quand même de l’autre quand tu parles de tendresse, d’amour etc.

JLV: Bien sûr et il y a plus de place, beaucoup plus de place. Le sexe, il s’agit de l’autre mais il s’agit beaucoup de jouir aussi. Y a pas beaucoup de gens qui baisent juste pour faire jouir l’autre. Enfin tu vois c’est rare, ou alors c’est pathologique, ou alors ça cache quelque chose. Moi, l’autre a, du coup, pris plus de place. 

T: Et du coup, quel est cet autre? 

JLV: Ben l’autre, c’est mon mari, sinon je ne me serais pas marié (rires).  Je ne me suis pas marié pour les impôts (rires).

T: Et donc cette absence de libido est arrivée avant le mariage? Et est-ce que tu te serais marié si tu avais encore eu ta libido? 

JLV: Oui avant qu’on se rencontre, oui je pense que je me serai quand même marié. 

T: Mais il n’aurait pas eu autant de place?

JLV: Non.

T: Ça me donne envie de mettre en forme un espace vide pour l’autre.

JLV: Oui, comme une sorte de lumière dans laquelle l’autre pourrait se mettre, si possible.

T: Merci beaucoup.

JLV: You’re welcome!

« Quelque chose qui après la vie, peut être de la même couleur que pendant la vie »


2.

Entretien: MB et Tibo « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

T: Vous avez reçu et pu consulter le dossier d’exposition?

MB: Oui 

T: Donc, l’idée est de rassembler un maximum d’éléments qui me permettraient de constituer et d’intervenir sur un corps ou la partie d’un corps, d’un mannequin ou d’une poupée sexuelle. J’ai besoin de collecter des informations concernant le physique, savoir à quoi ressemblerait votre fantasme ultime. Et ensuite, avoir une idée du rapport que vous avez à ce corps; à quel point cette personne est un corps ou est-ce que cette personne existe davantage par sa psyché et son lien avec vous etc. 

Est-ce que vous voulez me décrire votre humain idéal? Est-ce un homme, une femme, quelqu’un qui peut changer de sexe? On peut tout imagine, soyez libre de dire ce qui vous passe par la tête même des choses impossibles car ça n’a pas besoin d’être réaliste, c‘est ce que je veux dire. 

MB: Je n’ai pas d’humain idéal. Je crois que la seule chose qui me rend un humain attirant ou intéressant c’est son âge. J’ai une limite d’âge. Je ne peux pas, sexuellement parlant, me sentir attiré par une personne au-delà de 40 ans, c’est la seule chose qui limite mon champ d’intérêt. 

T: Donc il s’agit de personnes beaucoup plus jeunes que vous. 

MB: Ah oui! C’est vrai, ce sont des personnes plus jeunes que moi. Alors pourquoi? Parce que je crois que je suis intéressé par la fraîcheur du corps, ça c’est vrai. Mais au-delà de la fraîcheur corporelle, j’ai peut-être aussi une curiosité pour ce qui n’est pas encore pratiqué et qui a envie d’être pratiqué. Je vous ai prévenu, je suis assez complexe.

T: Mais tant mieux, c’est riche!

MB: J’aime aider, mais pas forcément dans les faits. J’aime voir la sensation que procure la découverte de quelque chose chez une personne, ça se manifeste plus chez les jeunes bien sûr, parce qu’ils n’ont pas, ou peu de pratique.

T: Oui, mais il y a quand même des exceptions.

MB: C’est-à-dire? 

T: Si on se concentre sur cette notion de faire découvrir une nouvelle sensation à son partenaire sexuel, quand il s’agit d’un homme qui a 40-50 ans c’est encore plus satisfaisant que quand il en a 20. Vous comprenez? 

MB: Oui, peut-être, mais parce que vous, vous êtes attiré par les hommes mûrs.

T: Je n’ai pas vraiment de style d’hommes et j’ai beaucoup travaillé pour ne pas avoir de type particulier pour ne pas en exclure d’autres. C’est juste que, pour avoir couché avec des hommes plus âgés et des hommes très jeunes, la satisfaction de nouvelles sensations est plus puissante avec ces hommes plus expérimentés. Qu’une personne ait une telle expérience et que vous soyez tout de même en mesure de lui faire découvrir de nouvelles choses… Je vous dis ça pour vous montrer que je suis en empathie avec ce point que vous soulevez qui est très interessant.

MB: Je comprends très bien, mais moi je ne suis pas attiré par un homme de 50 ans. Alors vous voyez, je ne chercherais pas à lui faire ressentir ça. Je n’aurais pas la même démarche avec lui, qu’avec un corps qui m’attire plus, un physique plus jeune. C‘est pour ça que je vous ai dit, en préambule, cette attirance que j’avais pour les corps jeunes. Et deuxièmement, ceux à qui j’aurais beaucoup plus de chance de faire découvrir de nouveaux plaisirs, malgré les exceptions que vous venez de citer.

T: Et qu’est-ce que vous aimez faire découvrir à ces jeunes corps frais?

MB: (Rires) Mais ce n’est pas forcément que j’aime faire découvrir des choses exceptionnelles! C’est que je découvre moi aussi, je prends plaisir à retrouver par procuration, les sensations que j’ai ressenti quand j’avais leur âge. Vous comprenez peut-être. Moi je suis très curieux des multitudes de variations que l’on peut trouver dans la sexualité et j’aime ce qui est dans le secret. Pour moi la sexualité doit être mystérieuse, secrète. Quand la sexualité est trop ouverte, elle ne m’intéresse pas. C’est-à-dire qu’une personne qui est ouvertement ceci, ouvertement cela, elle ne m’intéresse pas car je n’ai pas de surprises. Je n’ai pas de découverte à faire. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est la découverte ou le « faire découvrir ». Par exemple, alors ça, ce que je vais dire, c’est beaucoup plus valable avec les hommes qu’avec les femmes, car les femmes sont beaucoup plus classiques et sont beaucoup plus intellectuelles. Donc nous les hommes, on est beaucoup plus charnel, on est beaucoup plus sexuel et on va droit au but beaucoup plus facilement. Donc chez les hommes, il y des jardins secrets et moi ce qui m’intéresse c’est ça, c’est la découverte des jardins secrets. Par exemple, j’ai eu des expériences avec des hommes mariés qui avaient envie mais qui avaient peur. Ils voulaient sans vouloir et ne savaient pas jusqu’où ils pouvaient aller et qui avaient besoin d’être aidés ou entraînés pour aller jusqu’à un certain niveau, voir au-delà de ce qu’ils espéraient, par étapes. Et moi ça, ça me plaît, c’est ce qui m’intéresse. 

J’aime pas le rapport qui est sans surprise, « tu es actif, je suis passif, la position que je dois prendre par rapport à la tienne », voilà comme ça se fait classiquement. Moi, j’ai besoin de plus que le rapport, et j’ai besoin d’aider le mental à se laisser faire, parce qu’il y a un côté physique, mais il y a aussi un coté mental. Et la personne qui débute, ou la personne qui ne sait pas encore tout à fait ce qu’elle est capable de faire dans certains domaines, vous avez besoin de l’accompagner et j’adore ça. J’adore l’initiation. Ça ne veut pas dire que je vais prendre un petit jeune de 15 ans pour l’initier. Je peux prendre un mec de 30 ans marié avec des enfants, ce qui m’est déjà arrivé, et de lui faire découvrir une nouvelle sexualité et ça c’est beau. 

T: Et une fois que vous fréquentez cette personne pendant un ou deux ans, et que vous avez eu un certains nombres de rapports sexuels avec elle, avez-vous toujours envie de la voir? 

J’essaie de suivre votre point de vue. Du mien il y aura toujours des choses à faire découvrir. Mais est-ce que cette personne va toujours vous exciter et vous intéresser sexuellement? Ou est-ce que vous allez vouloir passer à quelqu’un d’autre? 

MB: J’ai eu des expériences qui ont duré quelques années, mais quand je dis quelques années c’est peut-être 3,4 ans mais ce n’est pas allé au-delà. Car même si pendant ces quelques années les relations n’étaient pas très rapprochées non plus, donc il y avait toujours la partie de mystère, quand le voile est levé, c’est fini. 

T: Oui, mais la notion de mystère est relative, car il peut toujours il y avoir du mystère dans une personne et sa sexualité, elle va varier énormément. Enfin le sexe c’est très psychologique et c’est d’avantage de l’ordre du fantasme que de la réalité. Je pense que même vous à votre âge, vous avez encore plein de choses à explorer. Même en ayant couché tous les jours avec une personne qu’on a trouvé peut-être vierge de relation homosexuelle, on peut pendant des années, explorer. Il y a tellement de pratiques dans le sexe. Je suis en train de faire la liste des paraphilies sexuelles, qui entourent les pratiques plus classiques et c’est extrêmement large. L’urètralisme ou la cathétérophilie est le fait de vouloir insérer des objets dans l’urètre. Il y a tellement de pratiques, le Shibari ou le bondage…, ça met des mois voire des années pour maîtriser parfaitement le fait d’attacher un corps. Le tantrisme sexuel c’est une pratique qui prend beaucoup de temps également. Vous voyez ce que je veux dire? Est-ce que ce dont vous parlez c’est vraiment de la découverte ou plutôt l’idée de la découverte? Parce que vous pouvez tout à fait tomber sur le genre de petit jeune que l’on voit dans les pornos, qui ont 20 ans et qui se font déjà fister jusqu’au coude et qui ont des pratiques très avancées. Ils peuvent donner l’impression que l’on n’a plus rien à leur faire découvrir. Après ils ont le physique de jeune éphèbe pâle et fluet…

MB: Oui, mais c’est justement ça qui ne m’intéresse pas. Ces pratiques extrêmes qui ne m’intéressent pas non plus car on a bien dépassé le stade des sensations premières. Ça peut être la sensation d’un premier fist, ça oui, ça peut être excitant, mais quand c’est du fist à repetition, ce n’est plus un grand plaisir pour moi. Il s’agit d’une sensation que la personne connaît déjà et veut renouveler à fréquence plus ou mois rapprochée, mais moi ce n’est pas ça mon plaisir, ni mon fantasme.

T: Est-ce que ça doit toujours être un champ de pratique sexuelle dans lequel vous êtes expert, ou est-ce qu’il peut s’agir d’une pratique où vous êtes tous les deux novices? 

MB: Par rapport à mon âge, je ne peux pas tellement être dans la découverte, forcément j’ai pratiqué suffisamment de choses…

T: Avez-vous une connaissance parfaite du tantrisme? 

MB: Qu’est-ce que c’est le tantrisme? 

T: Je vais chercher la définition exacte sur internet pour vous: « Tantrisme est un terme inventé au XIXeme siècle, en Occident, et dérivé du mot tantra désigne un ensemble de textes, de doctrines, de rituels et de méthodes initiatiques qui ont pénétré de manière diffuse, les branches de l’hindouisme y compris le jaïnisme. Sa définition exacte et son origine historique restent un sujet de discussion parmi les spécialistes lié à des pratiques yogiques etc. » On a tendance à l’associer facilement au sexe mais c’est beaucoup plus large que ça. Ça prend en compte tout un tas d’énergies qui traversent le corps et se connectent au monde. Et quand il s’agit de sexe, ce sont des moments en général très longs et très lents, pendant lesquels on passe du temps à se regarder dans les yeux, à faire attention au corps de l’autre, à ses sensations et l’orgasme n’est pas le but du rapport, mais s’il arrive, il est d’autant plus puissant. L’exemple du tantrisme est comme tant d’autres une manière de « faire l’amour » et manifestement vous ne la connaissiez pas.

MB: Et vous, est-ce que vous pratiquez le tantrisme? 

T: Non, mais c‘est quelque chose que j’aimerais beaucoup explorer avec quelqu’un que ça intéresserait aussi. 

MB: Il faut une formation? 

T: Je pense qu’on peut être relativement autodidacte, en lisant des livres, en regardant des vidéos sur internet. Comme pas mal de choses qu’on peut apprendre soi-même certaines musiques, certains massages, le shibari ou le bondage.

MB: Le bondage je connais, mais le shibari je ne connais pas. Qu’est-ce que c’est? 

T: A l’origine, le bondage vient du Japon. Les noeuds étaient réalisés de manière assez précises avec des cordes en chanvre ou en jute. Il s’ensuit une connaissance anatomique assez pointue. Je vous parle de ces choses qui requièrent un certain savoir pour comprendre si c’est le genre de pratique qui vous intéresserait ou pas. 

MB: Moi je suis toujours ouvert à des découvertes, mais je dois préciser que mes expériences ne reposent que sur des pratiques spontanées. Je n’ai jamais cherché à approfondir des pratiques à travers des lectures ou des vidéos. Tout ce que j’ai vécu, c’étaient des choses spontanées. Je ne suis pas intéressé par des spécialités sexuelles particulières. Ce qui m’intéresse, c’est la découverte des parties tellement secrètes des personnes qui m’attirent, qu’elles en sont elles-mêmes ignorantes. Ça veut dire que, lorsque j’ai eu l’occasion de faire découvrir une sexualité homosexuelle à un homme hétérosexuel marié, non seulement je lui faisais découvrir ce qu’il avait en lui, mais en plus, moi, je prenais le plaisir de le voir découvrir ses sensations premières.

T: D’accord, je comprends cette notion de sensation première. Mais est-ce que vous avez aussi la satisfaction de transformer ou d’être parmi les premiers hommes à séduire ces hommes a priori « hétéro »? Où est-ce vous qui leur plaisaient tellement qu’ils se mettent à aimer les hommes. Est-ce qu’il y a de çà? 

MB: Non, je ne me mets pas dedans. 

T: Car c’est un grand fantasme pour beaucoup d’homosexuels de parvenir à se « taper un hétéro ».

MB: Ce n’est pas mon cas. C’est un hasard qui a fait que je tombe sur une occasion comme celle-là, mais je ne l’ai pas recherché, non. Mais lors de ce hasard, j’ai découvert que c’était beau de voir ça. Et surtout ce qui était encore plus beau, c’était de voir l’homme revenir vers moi. Alors, ce n’est pas parce que moi je l’ai intéressé, mais parce qu’il avait pris goût à ce que je lui avais fait découvrir. Et qu’il avait envie de renouveler ça et peut-être même de découvrir autre chose, parce que bien sûr, une personne qui découvre quelque chose de tout à fait nouveau, même si elle n’a plus 20 ans, elle se dit que ça peut aller encore plus loin que ça. Que les sensations ressenties peuvent être plus fortes, qu’elle en redemande, et moi je fais abstraction de moi. Ce qui me donne du plaisir, c‘est la personne qui vient rechercher du plaisir. 

T: Mais si cette personne revient encore et encore, toujours chercher cette sensation de plaisir, et s’installe une sorte de confort, de retrouver les mêmes sensations que la première fois, vous allez commencer à vous en désintéresser? Car il n’y aura plus de nouvelles sensations et il n’y aura plus que renouvellement des sensations premières. 

MB: Exactement, absolument, c’est vrai. Et là, je tombe moi, dans la répétition et ça ne m’intéresse plus. 

T: Mais du coup, est-ce que vous pensez que c’est possible d’avoir ce genre de préférence et d’être en couple? Ou d’envisager d’avoir des relations sexuelles régulières avec le partenaire?

MB: Moi je n’ai pas réussi, je me suis lassé de mes relations de couple. 

T: C’était uniquement de votre côté, ou c’était des deux parties? 

MB: C’était de mon côté oui, c’est moi qui me suis lassé. J’étais en couple avec deux femmes et j’étais en couple avec trois hommes. Et à chaque fois je me suis lassé. Et quand vous vous lassez, vous trompez. 

T: Vous n’êtes pas obligé de tromper. Vous pouvez dire à la personne que vous avez besoin d’autre chose. 

MB: Oui, mais je vais voir ailleurs et quand la personne avec qui vous êtes en couple le sait, elle voit bien qu’il y a quelque chose qui ne va plus et il y a quelque chose qui se casse et c’est le début de la fin. En tout cas, c‘est comme ça que ce sont finies mes relations. Moi je me lassais, l’autre le ressentait, la distance devenait de plus en plus grande, la lassitude sexuelle faisait qu’on n’avait plus envie de faire l’amour et puis que la fin est programmée. 

T: Donc si vos relations se sont terminées, c‘est toujours à cause d’une lassitude sexuelle?

MB: Oui c’est ça. Oui en fait ce que j’ai gardé sur le long terme, ce sont les amitiés, car il n’y a pas de sexe dedans et moi je suis hyper fidèle en amitié. J’ai des amitiés de plus de 30 ans et fortes, mais il n’y a pas eu de sexe, du coup ça a tenu. Mais quand il y a du sexe, vu comme je suis tourné dans ma psychologie, (rires) c’est difficile d’être heureux en couple.

T: Je comprends. Je sais que vous n’avez pas tant de critères physiques, mais je vais quand même essayer d’en trouver si vous voulez bien. Donc idéalement l’âge de cette personne ce serait quoi? 

MB: 20 ans, à condition qu’elle ait une certaine maturité intellectuelle, car je déteste les gamins. Mais le corps d’un garçon de 20 ans me plaît. Par contre au niveau des femmes, je préfère la femme de 30 ans. 

T: Donc vous êtes parfaitement bisexuel ou vous avez une préférence? 

MB: Je dirais que j’ai une préférence pour les hommes, mais la femme me plaît, m’attire et m’intéresse. Je suis intéressé par les jeunes hommes et je suis intéressé par les femmes de 30 ans à 40 ans, par là et les femmes doivent aussi être intelligentes.

T: Est-ce que vous diriez que vous êtes sapiosexuel ou pas particulièrement?  Les sapiosexuels, ce sont les gens qui sont attirés sexuellement par les gens intelligents, mais au point d’en faire une sexualité. 

MB: Oui, oui, je suis attiré par les gens intelligents. Et je suis encore attiré par les gens qui sont dans le milieu artistique. Quand je dis artistique c’est large, on pourrait dire créatif. Je suis attiré par les créatifs. Car je suis moi-même, un handicapé ou un frustré de création. J’aurais aimé être créatif, « j’aurais aimé être un artiste », pour reprendre la chanson. Comme je ne le suis pas, peut-être que je cherche quelqu’un qui l’est, un partenaire qui le soit. Mais ça m’attire c’est vrai, et comme j’ai peur de la routine et que je m’ennuie vite, si je suis avec quelqu’un qui est créatif intellectuellement, il y a beaucoup plus de choses à partager et il reste de l’intérêt. 

T: Quelles sont les pratiques qui vous intéressent ou que vous fantasmez, et pour lesquelles vous auriez voulu trouvé le bon partenaire? 

MB: Ce qui m’intéressait, je l’ai déjà pratiqué. Moi ce qui m’excite, ce qui m’a excité et qui m’excite encore, c’est de dominer un homme viril. Plus l’homme est viril et plus l’homme peut représenter l’autorité et plus j’ai envie de le soumettre et de le voir en position féminine, en position de soumission. Et ça, ça m’excite. Mais s’il venait se mettre dans cette position tous les jours et que ça devienne répétitif ça ne m’intéresserait plus. Ce qui m’intéresse, c’est le passage de l’homme viril ou représentant l’autorité, pour aller jusqu’à l’extrême de la virilité, passer progressivement ou rapidement s’il est préparé cérébralement, au stade de soumission. J’ai eu des expériences pendant lesquelles j’ai eu beaucoup d’extases et des mecs, des motards virils, des flics de haut niveau, du raid, des pompiers… de tout ça, et les mettre dans des positions comme celles-ci, c’était pour moi très très jouïssif. 

T: Je ne sais pas si c’est contradictoire, mais vous voyez idéalement un homme très jeune et qui aurait déjà un certain statut social? 

MB: J’ai eu déjà un motard de 20 ans, viril et que j’ai eu en situation de soumission. Mais c’est une chambre à côté d’autres chambres. Les hommes virils et les jeunes éphébes ce sont des expériences que je juxtapose et qui procurent des sensations. 

T: Donc on retrouve une forme de domination de votre part que ce soit en tant qu’initiateur de jeunes corps inexpérimentés à de nouvelles sensations, ou en tant que dominateur d’hommes virils. Et vous utilisez la féminisation comme une forme de soumission comme beaucoup finalement. Le fait de féminiser un homme viril c’est une manière de le soumettre selon vous et donc c’est une autre forme de domination. C’est un fil conducteur de ces chambres de fantasmes dont vous parliez et que vous dîtes relativement séparées. Mais j’essaie de créer une seule image, qui serait votre poupée. C’est pourquoi j’essaie de faire des liens et d’imaginer un très jeune homme a priori « hétéro », avec des enfants, qui viendrait découvrir avec vous les plaisirs de l’homosexualité. Mais qui serait par la même occasion, un flic, motard, viril, très content de se soumettre à vous et que vous le féminisiez. Ensuite, j’essaie de savoir, car vous avez parler de la fraîcheur d’un corps, si c’est un homme plutôt noir, basané ou blanc, blond ou brun…

MB: C’est pour ça que je vous dis que je suis complexe. J’aimerais d’abord revenir en arrière quand vous dîtes que j’aime féminiser les hommes. Alors ça non, parce que je trouve qu’un homme qui est dans une position de passif, disons n’est pas pour moi une position féminisante. Je me suis mal exprimé, j’ai peur que ce soit exprimé comme un pré-travestissement et s’il y a une chose que je n’aime pas, c’est le travestisme. Je ne le condamne pas et ne le juge pas, mais c’est un repoussoir pour moi. Je ne suis pas du tout attiré par un travesti et j’ai pas envie de voir un homme féminin, c’est-à-dire qu’un homme, c’est un homme. Et je ne veux pas dire que la position féminine est une position soumise, ou passive au lit, ce n’est pas ça non plus le mot… c’est difficile de trouver le bon mot pour dire qu’un homme est sous la domination d’un autre… ce n’est pas pour dire qu’il est en position féminine quoi, ou même de passif. 

T: Moi je préfère dire pénétré et pénétrant ou donneur et receveur.

MB: Oui alors que passif ça veut rien dire. Il fait quoi, rien? Non. Il fait quelque chose, il participe . Et on est enfermé dans des mots capillaires qui ne traduisent pas toujours la réalité des choses. Alors pour me définir mieux, quand j’aime un homme, je le veux viril et quand j’aime une femme je la veux féminine. Et quand vous me demandez de dire si j’aime les gens bruns, blonds ou autre, je suis attiré par tous les types de physiques. Je peux être attiré par un ou une asiatique comme je peux être attiré par un ou une « black », comme un norvégien ou suédois ou suédoise… donc j’ai vraiment pas de type défini qui puisse m’attirer. Je peux être attiré par une personne qui n’est pas forcément belle, mais il y a quelque chose dans le regard et ensuite son intelligence me permet de voir autrement son physique. J’ai besoin de choses très simples. J’ai besoin d’admirer et j’ai besoin de mystère, voilà avec ces 2 ingrédients moi je peux vraiment être très attiré par quelqu’un. 

T: Très bien! Donc… je n’aurais pas d’éléments physiques, à part l’âge? (Rires)

MB: Sur le plan physique, il y a la taille. Je ne suis pas attiré par les personnes… alors pour les hommes en dessous d’180 cm c’est… disons… 175 cm disons taille mini. Pour la femme 168 cm voilà je ne sais pas si…

T: Et plus grand que vous ? Est-ce que ça vous convient ou pas plus grand que vous? 

MB: Non, non, non! Alors ça je ne supporte pas (rires). Ni d’un homme ni d’une femme. 

T: Vous faites 1 mètre combien déjà? 

MB: 1.85m. Heureusement que je fais cette taille, car si je faisais 1m75, j’aurais du mal à trouver chaussure à mon pied. 

T: D’accord et bien merci, je pense que j’ai réuni pas mal d’éléments, merci beaucoup. 

MB: Bon et bien puisque vous m’avez fait pas mal parler, vous mettrez mes initiales c’est tout (rires).

T: En recensant les paraphilies je peux vous dire que vous êtes sapiosexuel, personnes attirés par les gens intelligents. Vous êtes aussi chronophile, donc les personnes qui sont attirées par les gens d’autres catégories d’âges qu’elle-même. Et vous êtes aussi un peu parthénophile, c’est le fait d’être excité par une forme de candeur et de virginité. Voilà, après comme la plupart des hommes attirés par les hommes, vous avez une préférence pour ceux qui sont virils et masculins. Vous n’avez pas d’autres fétiches ou préférences en ce qui concerne d’autres parties du corps, que ce soient les pieds, les yeux, les mains, les fesses, le sexe etc.?

MB: Les cheveux non. Je peux être attiré par un chevelu comme un chauve, mais quand je dis chauve, c’est crane rasé parce que la couronne je ne supporte pas (rires). Mais il y a de très jolis cranes rasés! Sinon je n’aime pas les très très très poilus. Alors si je devais choisir je prendrais les imberbes. J’adore les belles fesses, les fesses très rebondies, bien musclées, avec les cuisses bien marquées, de belles cuisses. Je crois que c’est la partie du corps que je regarde en premier. Chez la femme, la première chose que je regarde, c’est les jambes. Si la femme n’a pas de belles jambes, elle ne m’intéresse pas. Les pieds c’est pareil, chez un homme ou chez une femme, c’est hyper important pour moi, un pied avec des oignons c’est rédhibitoire. Quoi d’autre? Oui j’aime les belles jambes chez les hommes aussi, c’est-à-dire avec de beaux mollets c’est… À partir de la ceinture jusqu’au pied, si un homme est bien foutu, ça peut être encore plus important que la partie haute. Vous me faites réfléchir là, à voix haute, parce que je ne me suis jamais posé la question. 

T: Et le sexe n’est pas du tout important ? 

MB: Non, non le sexe c‘est pas du tout important. Je me fous que le mec est un micro pénis ou même un truc de 25 cm. Ça ne m’intéresse pas, ce n’est pas mon centre d’intérêt. 

T: Merci beaucoup ! J’espère que ce n’était pas trop pénible (rires).

MB: Non non, vous m’avez obligé à faire une introspection, ce n’est pas plus mal. Faut que je creuse tout ça (rires)! Si je pense à des choses, je vous enverrai un message.

T: Merci beaucoup!

MB: Merci beaucoup Tibo. Bon courage, à très bientôt. Au revoir.

« Sensations premières »

3.

Entretien, Noon et Tibo « Ces Corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

T: Tu es dans une relation depuis 10 ans avec ta femme. Quel est maintenant ton rapport à ton désir et à ta sexualité?

N: Ma sexualité est vraiment liée à la personne. Pour moi le physique n’est pas très important, enfin si c’est important; mais pour moi ce qui est très important dans le physique, c’est le regard. C’est le plus important de tout. Il doit être un peu profond et pas agressif, très doux mais pas trop séduisant, mais un peu passif, que je sens très à l’aise. Je ne peux pas vraiment le définir car je sens tout de suite les regards comme ça. Et je sais que c’est rare. Mais j’adore ces regards et quand c’est là, je deviens un peu folle. J’ai vu 2, 3 personnes mais leurs physiques étaient vraiment très différents, il y avait une asiatique et l’autre était blanche, mais G. est grande et cette autre personne était petite donc je pense que le physique ne compte pas beaucoup car c’était tout le temps différent.

T: Donc tu n’as pas d’idéal? 

N: Dans le physique pas vraiment, mais c’est plutôt le style de cette personne. L'idéal vient de mon expérience, car je ne peux pas parler depuis mon imagination car dans la réalité ça ne se passe pas comme ça, donc je parle d’un idéal d’après mon expérience. 

Une personne dont je tombe follement amoureuse devient mon idéal. C‘est comme ça du coup le type de gens idéal, ce sont des gens dont je suis tombée amoureuse.

Donc si je pense à eux…c’était des gens difficiles à définir… c’était comme des soleils très très doux, pas trop forts. C’est vrai, quelqu’un de paisible, de très doux mais en même temps avec beaucoup d’énergie positive. Quelqu’un qui n’est pas du tout agressif. Je n’aime pas les gens passifs car je veux quelqu’un qui sait ce qu’elle veut. Déterminée mais pas dominante. Elle peut approcher et dire ce qu’elle veut, ça j’aime bien. Une personne assez libre. 

T: Est-ce que ce sont toujours des femmes? 

N: Oui, ce sont toujours des femmes.

T: Et est-ce que ta manière de regarder les femmes a été influencée par la situation de l’homosexualité en Corée? Est-ce que c’est facile d’être lesbienne en Corée?

N: En fait mon cas est un peu spécial, c‘est très difficile en Corée, du coup les rencontres se font par les sites internet, mais pour moi ce n’est jamais arrivé comme ça. J’ai eu beaucoup de chance, ça a toujours marché avec les personnes dont je suis tombée amoureuse, c’était naturel. Peut être que j‘aime bien ce type de gens qui aime les femmes mais je ne sais pas comment je le sais. 

T: Tu veux dire que tu sens les femmes qui aiment les femmes? 

N: Peut-être parce que ça a marché comme ça jusque-là. C'est-à-dire que ma première relation, je l’ai rencontrée au collège et on a commencé notre relation au lycée. Bien sûr je ne savais même pas le mot lesbienne, donc je ne savais pas non plus qu’elle était lesbienne, mais je l’aimais bien et petit à petit, c’était très lent car on était jeune, on a fini par être ensemble. Même si au départ, je ne savais pas qu’elle était lesbienne. 

T: Donc comment tu sais qu’une personne est lesbienne? 

N: Moi, en tout cas le type de personnes que j’aime c‘est ni masculin ni féminin mais au milieu. 

T: Mais des femmes cependant? 

N: Oui, des femmes. Mais je n’aime pas les filles qui sont trop féminines. Comme moi, je pense que je suis un peu féminine, alors je ne veux pas rencontrer quelqu’un comme moi. Mais en même temps, je n’aime pas trop les femmes qui se comportent trop comme des hommes. Comme « butch » on dit, du coup j’aime entre les deux. Les butch je pense que ça m’effraient car c’est trop fort.

T: Parce que tu as un rapport conflictuel à la masculinité?

N: C’est une grande question dont je n’aurais jamais la réponse. Moi je crois que oui. Mais, du coup, je ne sais pas si c‘est naturel ou si ça vient de  mon expérience le fait que je ne sois pas attirée par les hommes…

T: Non, ce n'est pas du tout ma question! Pour moi, le masculin et le féminin n’ont rien à voir avoir avec homme et femme. 

N: Je sais que cette idée est très différente mais c‘est lié quelque part dans ma tête. Par exemple, je sais qu’il y a beaucoup d’hommes doux, mais pourquoi je ne tombe pas amoureux d’eux? 

T: Car peut-être que tu n’aimes pas le corps des hommes ou les pénis?

N: En fait, comme je n’ai jamais eu de relation avec des hommes, je ne sais même pas si je pourrais aimer ou pas. Et si je ressens le dégoût de quelque chose que je n’ai pas expérimenté, ce sentiment vient de mon imagination ou de ma peur ou quelque chose qui n’existe pas. 

T: Mais qu’est-ce que tu voulais dire exactement? Car on peut imaginer qu’une butch peut être très masculine et peut être aussi très douce, par ailleurs. 

N: Oui, tout le monde à un côté doux et un côté fort je pense.

T: L’inverse de doux ce n’est pas fort c‘est dur.

N: Oui, en tout cas moi je ne suis pas parfaite en français. Peut-être que je ne suis pas à l'aise avec trop de masculinité.

T: J’ai compris mais est-ce que tu as une idée de pourquoi? 

N: Peut-être que ça vient de mon expérience personnelle. Mon père était un peu agressif, du coup j’avais un peu peur des hommes, je pense que ça vient de là. Je savais que j’étais lesbienne, je ne voulais pas rencontrer des hommes parce que j’avais déjà une mauvaise image de la masculinité. Même si une personne a un côté doux, si elle peut sembler trop masculine ou agressive en apparence ça ne peut pas marcher avec moi car je ne me sens pas du tout à l’aise. Donc bien sûr, pour que je puisse tomber amoureuse d’une personne, je dois déjà me sentir à l’aise. 

T: Donc comment tu représenterais cette personne dont tu parles? Tu ne veux pas que cette personne soit trop masculine car tu l’associes à quelque chose de dur et je me permettrai même de dire brutal, mais pourquoi cette personne ne peut pas non plus être trop féminine comme tu t’identifies? 

N: Parce que lorsque je vois quelqu’un qui est très féminine je sens plutôt que j’aimerais devenir comme ça mais pas tomber amoureuse d’elle. Pourquoi? Car je pense que quelqu’un qui me ressemble trop, je ne la sens pas très sexuelle, car elle est comme moi. Bien sûr qu'on n'est pas pareil. Donc pour moi il y a deux types de personnes: celles qui ne me ressemblent pas et à qui je veux plaire, et celles à qui je veux ressembler mais qui ne me plaisent pas sexuellement. 

T:  Une fois que tu as trouvé une femme qui est équilibrée comme ça entre féminité et masculinité, qu’est-ce que tu veux faire avec cette personne?

N: Une personne comme ça m’attire beaucoup et je veux être aux côtés de cette personne, je ne peux pas lui dire non, j’en suis presque incapable.  Cet équilibre entre masculinité et féminité ne vient pas du corps mais vraiment du style; la taille de la poitrine je m’en fous, le physique je m’en fous. Ce qui est important, c’est son comportement et comment cette personne s’habille. Des pantalons, pas de jupe, un style très normal: jean et t-shirt, décontracté. Tu peux imaginer quelqu’un comme G. J’aime pas quand c’est trop original. 

T: Souvent les gens ont des attirances pour ces personnes soit féminines, soit masculines car il peut y avoir une projection de ce qui se passe sexuellement par des jeux de domination ou de soumission notamment, est-ce que c’est ton cas? 

N: Non, pour la relation sexuelle moi j’aime bien l’égalité. Du coup, on échange, on fait ensemble. Je n’aime pas tout le temps être soumise ou je n’aime pas tout le temps dominer. J’aime vraiment le partage. Quand je suis vraiment amoureuse de quelqu'un, tout peut devenir un fétiche, tout ce que cette personne fait va me plaire.

T: Avec cette flexibilité que tu as, est-ce qu’une des personnes, dont tu es tombée amoureuse, t’a entraînée dans une pratique plutôt qu’une autre à laquelle tu n’aurais pas forcément pensé?

Noon: Non pas tellement, j’aime les choses très normales, j’aime beaucoup juste jouer avec les corps, avec beaucoup de tendresse, c’est tout. 

T: Comment tu représenterais cette tendresse dont tu parles? 

N: Ah oui je voulais parler de ce vent léger qui souffle sur les champs de blé, pas quelque chose de trop fort mais de vraiment agréable, c‘est exactement comme ça cette tendresse. Quand j’ai vu Gaby, j’ai vraiment eu cette image dans le champ de blé avec le soleil un peu brillant mais pas trop fort qui brille, comme une couleur dorée avec un vent très doux. C’est l’image que j’ai. Avec de grands arbres ou beaucoup de petits animaux qui s’installent, et de grandes feuilles où l’on peut se mettre dessous. Je ne sais pas quel type d’arbres mais le genre qu’on peut voir au parc des Buttes-Chaumont, pas les arbres comme les sapins de Noël. Pour le toucher, je dirais l’eau parce que c’est très doux et fluide, et du coup j’aime beaucoup l’image de l’eau car quand il y a quelque chose devant, il n’attaque pas, il va autour. C‘est une force très douce, je ne pense pas que l’eau n’ai pas de force mais elle a une force différente. On pourrait croire qu’elle évite le conflit et entoure, mais je trouve que c’est ça la vraie force, très profonde et j’aime bien ça. Après je ne suis pas très sensible aux odeurs.

T: Merci beaucoup Noon

N: Merci!

« Un soleil très très douce »

4.

Entretien: K et Tibo « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

T: The idea is to collect as many elements as possible of your fantasies, of your ideal sex partner. But it doesn’t imply sexuel elements only. I recently had an interview with someone who told me about her deepest fantasy and it was not very sexual. So you can start by describing the person you have in mind, if you want. 

K: I thought I was always attracted to people who don’t seem straight, I think it’s very important. So they need to look a bit queer, a bit either a lot (laugh). I am not really interested in people who identify themselves as 100% straight or 100% gay as well, in terms of sexuality. Because for me to feel attracted to someone, I have to know how they feel attracted to me. And so if someone say that they queer or bisexual, that is always a plus plus, because I don’t want them to see me either as a guy guy or a woman. So yes, I am not interested in that. For me to have a good sexual encounter, it has to be with someone with whom I can close my eyes, and just trust that they see me how I want to be seen. And then I can believe that, because it takes a lot of mental kind of « luburing » … I need that kind of mental « lubrification » because, otherwise, I am performing « straight sex », but I am acting, you know.  So they can’t be 100% anything.

T: You told me you wanted people to see you as you are, but how do you want to be perceived? Because I feel like you need that special someone that has this sense of fluidity. Is it because you feel fluid yourself?

K: Yes, yes I feel like I am on multiple levels. If I am with someone that is fluid, then hopefully, (it’s probably me being closed minded with people that are 100% something because I know you can still be complex with in that) but I need someone that have a sexuality and a gender that is as fluid as me. So it mirrors in a way where, I think :« oh if I appears to masculine then it’s not a problem » then if I do something it is not a fault. Because if you’re with someone who is mirroring this fluidity then you forget about it. Then at a moment you are a not 100 % 50% or 0% anything, you are not any of that you’re just doing what you are doing. When I was 19 with my best friend, he is gay, we grew up in the country side and we were both agree that we would never find our ideal partners. We were in peace with that. It sounds kind of sad now but at the time, it was just acceptance. We are just never gonna be with whom we want to be with. I was okay with that for the rest of my life. I didn’t expect it, I had my first relationship in Bergen, so very recently. I mean, I have had sex before, but it was performing almost every time. There is no time I remember as a good time. It was maybe, yes, a release of a pleasure. I was thinking, okay I did that, okay I have a good check list. So if I spin the bottle, or if I play « never have I ever »: I am drinking all the time you know. But that doesn’t really mean satisfaction. So I erased it, as a dream, I stopped dreaming, and I would just hear other people fantaisies, straight people fantaisies. Even though, I thought it wouldn’t be my reality, but I would still see thing like porn a lot. Porn was a very good toy for me. I am a huge fan. If I couldn’t experienced it, at least I could have the satisfaction. When you walk down the street and you see old couples holding hands and you think « aww! » and I thought  « aww! » so sometimes I would just watch it and yeah, like seeing people having fun. And then, I get to see queer people around me developed, and get into relationships and things, and you think okay, maybe this could be a thing. But I still was quite admitting that wouldn’t be something that is ever going to happen to me. I was very happy for my friends and was feeling very political about it. I wasn’t in any movement or anything but I was like, I’m queer , I’m trans, I’m this. And I could talk a lot about sex but I wasn’t actually enjoying it really. It is  astrange thing , and we’ve talked about it before when you have an identity and when it’s a big part of your personality. You’re not doing that stereotypical thing of doing the action of it you know. So I didn’t overthink it, I was queer and then that was enough and I was fine. And I was too busy doing the gender thing in Paris. So getting on hormones, including my friends on that journey as well. Asking my friends for doing my shots and stuffs. I think I was having different interactions with people and finding satisfaction with the fluidity, by including other people. That felt like a sharing experience and I was very happy with that. So I didn’t have any sex while I was on testosterone, four years.

T: Could you expand this? 

K: Because I wanted to stop faking having sex. I was having a bit of straight sex before. For me, it was worst to be perceived as a woman than to have sex. So I d rather just not have sex. I was more happy when I stopped. And I found other ways of being queer. Being around queer people, going clubbing a lot in those years, dancing taking some drugs. I found an environnement where I could feel at home. And then, I feel like now, what has change is that I am with someone who is non binary. It is the first time, I don’t have to think about what they’re thinking about me. And they don’t have to think about what I think about them because we are each others perfect types of partners. When I was clubbing and stuff I would often approach people or kiss friends, so me and J would make out all the time, but it was more a friends thing. Just making out on the dance floor, that was great, that was fun! Then coming here and being with someone interested in me, that never happen to me before, in a way where I was open to that person. Me and my partner get together during covid, so our first interactions were over video. So the first time we had sex, was over texts. And that was fun because, when you put things in words, you send something and there is no looking in the eyes and making sure that was okay. There was that moment where I was like: « Oh how should I perform? Should I be more masculine because I am a trans guy? Or should I say I want a certain thing? When I haven’t tried it yet, so I don’t know if I want it. » so we met up two weeks after in person. 

T: Was it the first real sex moment you had ever had? Would it be fair to say so?

K: If someone ask me: « When was the first time you had sex? » I would say: « When I was 19, with a douchebag. » and I would describe It in a very awful way. It wasn’t at all like rape or anything, but it was just not pleasant. It wasn’t the first time I enjoyed sex because I had a relationship just before this one, and it started off really nice. We were great and everything and it just faded and we stopped having sex, that really frustrated me because my partner was depressed at the time. And I was like « I’ll be patient »,  and I’ll end up being patient for an entire year. When I was dating that person, that new person came into my life and I was just animated again, in a different way.

T: Is the only moment you can actually enjoy sex, the moment when you both forget about your identities?

K: I did that before but that have stopped quickly because of mental health which were not their fault at all. (…) Before these relationships, when I was in Paris, I was interested in a lot of very obscur porn but that desire had just disappeared. Now I am in something that I can feel in my body and in my mind , not just in my mind. The things I would Google, are not the same things I want now. I was able to google that, because I knew that was only a fantasy, and that was how I was living my sexuality, through my mind. And so it could be as crazy and I wanted it to be. But now that I have a connection with a person, my mind doesn’t want the same thing as it did before.

T: So what do you really want now? 

K: Oh! Err I am enjoying how it s going and I want it to continues. I want my partner to always be happy or as happy as I can make them. Happy when I am not there as well. It’s difficult to give you precise features of my fantasy because, when I fancy a boy I like a boy with long hair, and I like girls with short hair. So it’s always in that kind of fluidity or it’s more a balance between masculinity and femininity. But that balance is super dependent on me, it is always in comparaison between two mirrors rather than a split so much, not 50/50 more like two people and those two people have features that are different.

T: Do you know the myth of the androgynes by Plato?

K: Yeah.

T: So I am thinking it could be an apt image. 

K: Yeah that makes sense to me, that makes more sense. I can’t bring it down to hair follicles or body. But in terms on genitals, when you feel like you’re penetrating and you are being penetrated at the same time, but for that person to feel that and for you to feel that has to be like (noise of explosion) everything. (laugh)

T: (laugh) I mean I have experienced that in group sex, but what you are talking about is different right? Is it a metaphor?

K: No, when you close your eyes and you have a dildoo inside of you and you know when you take testosterone it makes your clic grow.

T: Does this make you hard as well? 

K: Yes and it can grow in width, for me to be able to penetrate, it’s hard. We have a word for it, it is called « phantom dick ». That means that you in your mind, are imagining that you are penetrating, and sometimes, that just alone, with words and kissing and stuff, there is nothing that feels more real. And I think it s nice taking turns. Because we were watching « Rupaul » with my flatmates and we were making jocks about tops and bottoms, but how many people are actually tops or bottoms? 

T: A lot, at least in the gay community, a lot (laugh). I know a 50 years old man that HAS never penetrated anybody. You know gays are the most masculinist community of all. To me it’s not queer at all. Because there ARE so many  « masc4masc » and when you date one of them you’ll lower your voice etc to appear more masculine. And when I want to be masculine, I do fewer things. I mean I tend to be less talkative, I control my gait, I don’ dress up as much, I keep my hair tight. It feels like there is less of me visible, if I want to be masculine. But when I want to be feminine I am more outgoing, that’s the reason why I am more interested in femininity that in masculinity. I dress more, I talk more, I move more, I give more in every way. So when I am with someone that accepts both sides of me, I can just forget about it. That is why I feel connected to what you said. 

K: Yes it s nice to have someone that can compliment if you were and shirt and look a bit more masculine, or when you come out and have a skirt or something. Yes it is important to have someone that can appreciate both sides, they don’t make you feel like they have a strong preference.

T: When you told me about that « phantom dick », you were also talking about words that you were exchanging with your partner, so that makes you a verbal type?

K: Yes very! My partner not so much, but it is a shyness of having seen that a lot represented in porn, and feeling as if that is quite porny to do. So I say everything, I do the porn talk, the nice talk or the kind of explaining what’s going on in my head. I think that is when we are connecting.

T: What we hear the most in porn, are a flow of insults and rude words, « You hungry slut! You want that big cock? », Blah blah blah » 

K: Yes! We talk about the different types of sex we have, the sex where after you say « That was fun! » as if that was an exercice or something, or how you have been turned on before. I think there is different moment when you can have your sexuality and be very connecting. It is because, I have someone with whom I can have all of these different types of sex which is really nice.

T: For how long have you been with that person?

K: For one year and a bit. But yeah, we talk already about long term stuff.

T: So you have no preferences for men or women, trans or anyone.

K: I have preference for trans/queer. I mean, I like people who are very strong trans allies, but that means you are secretly trans (laugh). That is a preference, not a requirement. When we have sex with my partner, we say that we feel sorry for straight people, because not being scared of using toys is a good thing and that even if you have a dick. So yes I am very pro technology sex (laugh). There is a lot of specific trans toys that I discovered through porn, which is very fun. I sometimes feel bad, you don’t know if this is because you hear about that penis worship everywhere; You can either avoid it completely for political reasons, or personal reasons. But I feel like for me, I like sometimes avoiding it, but sometimes admitting that this is the kind of basic bitch language that I use and to play in that fantasy for a moment. So It depends on the day. 

T: Yes but for me the most important is to be liberated from it , and not having to avoid it for ever. I mean, I am cursed with having a penis (laugh) but it doesn’t have to be the center of every sexual intercourse, because that is too often the case.

So I am very thrilled to act  that myth of the androgynes, because that makes homosexuals’ and transpeople’s lives completely natural. That’s my perspective. But can’t you give any clue about the colors of the skin or anything?

K: How I would best represent it, to the gesture of, as if you were wanking off, but nothing there. Or the dicklit but mentally prolongated.

T: What is the dicklit?

K: When the clitoris erect at the size of the knuckle off the little finger, when you take testosterone. It is funny because it’s the first thing that happen when you take testorene, but it is not the thing that people talk about so frequently. They would talk on YouTube of, how low the voice can get, but not that their downstairs grows, and is very sensitive all of a sudden, because you get like a mini foreskin. Before, I would think that I have an area that feels nice, not that I have an actual clitoris. But all of a sudden, I have that tiny beautiful thing and it’s very visible. Because it really makes you think, that just with one hormone in the body it changes everything. We are so close from being feminine or masculine creatures. When you see how we make big deals about how different we are, it is actually like: « No! ». There is so much in commun and we are not so far off. 

I imagine the fantasy when you can see that the brain is working a lot. Not a coming face, but the head being the first thing forward. You are unblocking something because people have told you, you can’t desire that way, or have that way, so what I am imagining is a very majestic way, not the skin color but maybe a very superficial color. Because I think, it kind of illustrates as well, in art people tense to glorify transpeople, for being these groundbreaking creatures, who are revolutionary. I can agree to it, but if we are gonna do it, in that case then, MAKE US FUCKING LOOK LIKE GODS! Blue and sparkly, you know. These two creatures should be in their own bubble. It maybe nice to make an exclusion at that point , people spend so much objectification and fetichisation of transbodies, and I will be like: « What I have, you can never experienced. ». To make it untouchable kind of like a nice « fuck you ». When people imagine transpeople they often draw drag queens. But the change is in the mental. There is a market for toys for trans people so they must be a commun fantasy. And this toy I am talking about is made by Buck Angel, he was made as a golden statue by Marc Quinn with another trans women. They are both porn actors, and they were cast into gold. Super nice statue! And he became a business man, entrepreneur and he made this toys for trans guys called the « buck off » because he is Buck Angel. This is something that you place over the top of your dicklit.  And it makes it bigger it holds through suction, so it doesn’t have any vibrations but it does everything mentally. That is what is nice about trans love, knowing it is not about people feeling included in my intimacy. It is not my issue.

T: Thank you so much fore sharing all this!

K: I hope it helps.

« Make us fucking look like gods! »

5.

Entretien: Elliot et Tibo « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

E : Début janvier, un numéro d’urgence à été mis en place, pour les personnes qui présentaient un trouble pédophilique. C’est national, et c’était déjà expérimental depuis quelques années. J’étais déjà en contact avec la présidente du CRIAVS, (Centre de Ressources et d’Intervention auprès des Auteurs de Violence Sexuelle) qui m’a demandée d’intervenir, car elle recevait le secrétaire d’état, chargé des familles en convention. Donc ce numéro est là pour les personnes qui essaient de s’en sortir. Ça évite de passer à l’acte ou d’attenter à vos jours. L’idée c’est d’avoir une porte ouverte, un espace de parole car c’est ce qui manque cruellement aujourd’hui en France. Ils ont mis ça en place pour diminuer le taux de passage à l’acte, puisqu’en parler c’est ne pas agir. J’ai 36 ans et c’est vers 15 ans, que j’ai conscientisé mes préférences. Je voyais qu’en grandissant mes attirances restaient bloquées vers un certain public, toujours le même, ciblé. Mais je n'emploierais pas le terme pédophilie, parce que ça fait peur. Ça renvoie à la figure monstrueuse de la personne totalement détraquée et perverse. Un prédateur. On ne peut pas accepter d’être rattaché à ça. On se dit que ça finira par passer et que ça commencera à se décaler pour des personnes plus “de son âge”. Mais plus on vieillit et plus on prend conscience que non. C’est figé sur la même tranche d’âge.  10, 13, 14 ans, les garçons prépubères à adolescents. Quand j’avais 15 ans, je suis passionnément tombé amoureux d’un garçon de ma classe. Matthias était blond, les yeux très clairs, il avait plus une allure de collégien que de lycéen, dans ses traits, dans son corps. Petit, très fin, éphèbe, imberbe. 

T : Il y a des personnes qui ne sont pas atteintes de troubles pédophiliques et qui sont dans une position où elles ne seront jamais véritablement avec une personne qu’elles aiment et qu’elles désirent.

E : Oui, mais elles ont une porte de sortie là où moi je n’en ai pas. Je dois faire une croix sur mes fantasmes, une croix. 

T : Comment vois-tu la Grèce Antique ? 

E : L’époque où les jeunes garçons éphèbes pouvaient avoir des relations avec des personnes plus âgées. Je me dis « merde Elliot, c’est con, tu n’es pas né à la bonne époque ». Mais je me pose la question si ces jeunes étaient vraiment consentants, si ça ne leur à pas laisser des séquelles terribles. J’ai les deux discours en tête. À 15 ans j’ai rencontré, par le biais d’une personne de ma famille, un homme qui devait avoir autour de 26 ans, et j’ai eu une relation sexuelle avec lui dès le premier soir. Je ne m’y attendais pas du tout, je pensais dormir et rentrer chez moi. Sur le moment, je ne l’ai pas mal vécu du tout. J’étais dans la découverte. J’avais même l’espoir que ça centre mes orientations vers les hommes plus matures. Donc je ne l’ai pas vécu comme un traumatisme. 

T : C’était bien ? 

E : Oui, cette première fois était bien. Le lendemain j’étais troublé car c’était inattendu. Mais je n’étais pas dépassé, je ne me sentais pas forcé de faire les choses. À 15 ans, je savais que j’étais en train de coucher avec un homme, je savais très bien ce que c’était de faire une fellation etc.

T : Et pourtant c’était un acte pédophile ?

E : Oui, mais je ne m’en rendais pas compte sur le moment. Cette personne a commencé à avoir une emprise sur moi. Laurent, c’est la personne qui allait me permettre de faire dévier mon trouble pédophilique, pour avoir une orientation sexuelle plus normale. Sauf que ça ne s’est jamais passé. J’étais complètement passif dans nos relations sexuelles, plein de fois, je n’étais même pas en état d’excitation. Je me mettais en position de victime, de soumis. De manière générale, dans ma sexualité ça peut paraître paradoxal, mais je me positionne en tant que soumis, ou comme la personne en dessous. D’après moi, avec Laurent, j’étais consentant, mais d’après les psychologues, je ne l’étais pas. 

T : J’ai un ami qui s’est fait violer étant enfant et ce qui l’a traumatisé plus que tout, ce n’est pas de s’être fait abuser, mais c’est d’avoir aimé ça. 

E : Moi c’est pareil, à 8 ans j’ai subi des attouchements et quand j’y pense, ça ne m’a pas traumatisé du tout, j’avais une érection, ça me faisait rire. Et quand je raconte ça à des spécialistes, ils me disent que c’est une façon de se protéger. Je leur réponds que non, que j’étais jeune mais que je ne l’ai pas mal vécu. Et c’est peut-être ça qui a conditionné mon trouble pédophilique. Car depuis ce moment-là, j’avais un regard très poussé pour les garçons. C’est comme si cette partie de moi avait arrêté de grandir. J’ai une sexualité qui est très dans l’innocence et dans l’immaturité ; dans la découverte du corps avec des jeux, comme celui du docteur etc. Ce sont des jeux à connotation sexuelle sans pour autant savoir ce qu’on fait pleinement. C’est sûrement pour ça que j’ai un problème avec le corps. 

T : Est-ce que tu connais les puppies ? C’est une partie de la communauté gay, regroupée autour du fétiche de se déguiser en chien, avoir un collier, un masque de chien et même un plug en forme de queue. Et il y a des groupes de puppies qui se retrouvent tout un après-midi, pour jouer à la balle, se faire caresser par les gens dans la rue etc. Tout ça pour te dire qu’il existe des jeux, avec cette forme d’immaturité, tout en ayant une connotation sexuelle mais pas directe et ce, chez les adultes.

E : Je parle peut-être d’une autre forme d’immaturité. J’ai un énorme problème avec mon corps, alors je ne te parle pas des problèmes que j’ai avec le corps des autres. Quand je prends du recul sur ce à quoi je pense quand je me masturbe, je me rends compte que je ne pense pas à moi en tant qu’adulte en train d’avoir une relation sexuelle avec un autre garçon, mais je pense à moi en tant que jeune garçon couchant avec une personne qui me domine. C’est ce que j’ai vécu tout petit et que j’avais envie de réitérer. Quand j’avais des jeux sexuels avec mes copains. J’ai 36 ans et je tombe encore amoureux de garçon de 13, 14 ans et quand j’emploie le terme « Amour » je l’emploie volontairement, car j’y pense tout le temps, tous les jours.  

T : Est-ce que tu peux me décrire ton fantasme ultime ? 

E : Physiquement il faut que la personne soit très jeune, plutôt blondinet ou roux, des yeux très clairs, très peu de pilosité, caucasien, un peu grassouillet. Comme Matthias en fait, ça correspond parfaitement à Matthias. Des cheveux courts car pour moi les cheveux longs sont relatifs à la féminité du coup ça me bloque. Les tenues qui laissent voir de la peau nue, des shorts, des bermudas, des débardeurs, moins il y a de vêtements et plus ça fait naître des pulsions et plus c’est compliqué. C’est pour ça que pour moi l’été, c’est l’enfer. C’est une période que je redoute absolument. Je vrille en continu. 

T : Est-ce que tu vas sur des plages gays ? 

E : Non, car je ne me considère pas comme homosexuel.

T : Oui je sais, mais c’est juste que sur les plages gays, tu ne vas pas voir d’enfants (rires).

E : Ah oui! C’est vrai tu as raison ! (Rires). Oui mais je ne vais peut-être pas me sentir à ma place si tu vois ce que je veux dire. J’essaie d’aller dans des criques où il y a peu de monde. 

T : Est-ce que je peux poser une question très dure ? 

E : Oui vas-y, il n’y a pas de soucis.

T : Si on était en Grèce antique et que tu tombais sur ton jeune garçon idéal, vous vous aimez, tout va bien, c’est le monde parfait où ta sexualité n’est pas un trouble, elle est même célébrée par les autres hommes et philosophes à l’époque où c’était même à la mode d’être avec un éphèbe. Quel genre de sexualité tu aurais avec ce jeune homme ? 

E : Ce serait une relation parfaitement versatile, quand je fantasme, je me vois vraiment dans les deux versants. Quand je pense à ces jeunes garçons, il s’agit de gestes inhérents à l'affect, à la douceur. S’ils veulent me dominer, bien sûr ils le peuvent. Ça peut être, jouer au docteur, des choses assez bateau… des moments durant lesquels, oui, on se touche, on se tripote, on s’essaie à des choses. Comme quand on expérimente quand on est jeune, et qu’on ne sait pas trop ce que l’on fait. Je n’ai pas assez d’expérience sexuelle pour être celui qui va apprendre ou initier. Il s’agit plus d’avoir une sexualité autour de jeux, que d’avoir des relations purement sexuelles avec véritablement des actes sexuels. Quand je fantasme il n’y a pas tellement de sodomie ou fellation, c’est plus dans la douceur et dans le fait d’y aller pas à pas…

T : Tu m’as dit que tu ne te considérais pas comme homosexuel. Comment définis-tu ta sexualité ? 

E : Je la définis comme une cage, dans laquelle je suis enfermé. Je subis ma sexualité, je ne la vis pas. C’est un enfer. Je la fantasme à 100% dans ma tête. J’ai une sexualité qui rend fou. Pour calmer mes ardeurs, je n’ai que la masturbation.

T : Donc tu ne te dis pas que tu es pédophile ?

E : J’ai du mal avec ce terme, car il renvoie à la maladie et à la perversité. Dans la manière dont j’envisage les choses il y a beaucoup plus d'affection et d’amour que de désirs et de sexualité. Quand tu demandes à quelqu’un dans la rue ce qu’est une pédophilie, on va te parler d’une personne complètement folle, qui se cache derrière les écoles. Des malades qu’il faut enfermer. C’est pour qu’on fasse la différence entre pédophile et pédocriminel que j’ai accepté de témoigner. Quand je parle à d’autres pédophiles, ils ont une sexualité à côté, avec des femmes ou autre. Mon problème c’est que j’ai une sexualité exclusive. 

T : Est-ce que tu as vu « Nymphomaniac » de Lars Von Trier ? Dans le deuxième volume, Joe rencontre un pédophile qui est dans une détresse totale, il raconte qu’il va regarder les enfants dans les parcs. Elle sent la souffrance de cet homme et du coup elle va lui donner une fellation avec l’intention de le soulager et d’être en empathie avec une sexualité avec laquelle il souffre tellement. 

E : Quand je témoigne, j’ai quand même envie de laisser un message positif pour les gens qui vivent ça. Je ne veux pas être dans un discours fataliste. Dire qu’il y a un moyen d’avancer avec ce trouble, de s’équilibrer avec, de trouver des moyens de compensation pour qu’il soit moins présent et envahissant. À l’heure actuelle, ce n’est pas du tout la vérité, moi j’en chie des masses et j’arrive à un terme où je suis dépassé par ça. C’est en train de m’anéantir. Mais j’ai envie de pouvoir faire, comme tu fais toi, ce travail de sensibilisation, à travers l’art, le cinéma, d’éveiller les consciences autour de ça. J’aimerais que les gens finissent par entendre qu’être atteint de pédophilie ce n’est pas un choix mais c’est quelque chose que l’on subit. Comme le fait d’être homo, hétéro ou trans c’est quelque chose qui fait partie de nous. Moi je me bats contre mon trouble depuis 20 ans et ça ne marche pas… Donc j’en suis arrivé à la dernière solution qui est ce traitement frénateur de libido, qu’on donne aux gens incarcérés pour des crimes sexuels. C’est ce qu’on appelle vulgairement la castration chimique. On met ta libido à zéro. Moi j’ai déjà essayé à travers des antidépresseurs à haute dose. Donc je sens qu’il y a quelque chose en moi qui est endormi. Si on me retire ma libido, ça ferait un vide intersidéral à l’intérieur de moi, que je n’arriverais pas à combler, que ce soit à travers la musique, les relations avec les gens, ça ne marche pas. Je vois qu’aujourd’hui je suis dépassé, je n’y arrive plus. Je préfère mettre un terme à ma vie de façon assez digne. Ma vie, ça aurait été de fantasmer et de pas pouvoir trouver quelque chose, d’aussi fort que ça. C’est un crève-cœur de dire ça, car je suis quelqu’un qui a un amour profond pour la vie. 

T : Ce que tu es en train de me dire, c’est que tu préfères te suicider plutôt que d'endormir ta libido ? 

E : Exactement. Si on endort ma libido, je vais sentir qu’il manque quelque chose. Ma vie tourne autour de ça.

T : Tu ne penses pas que si ça a pris autant de place c’est parce que tu es né à une époque et dans une société où ta sexualité est considérée comme dangereuse ? Et peut-être que, si tu étais à la Grèce antique, ta sexualité prendrait beaucoup moins de place. 

E : C’est indéniable. C’est sûr à 100%. J’envie tellement les gens qui sont nés à cette époque. Je suis dans une époque où on me dit désolé, avec ta sexualité… reste dans ton fantasme, reste dans ton imaginaire et sur ton lit de mort tu seras toujours là-dedans. En fait je n’aurais jamais connu l’amour. Je n’ai pas envie de laisser comme message pour les personnes qui présentent ce trouble qu’on va soit se jeter d’un pont, soit passer à l’acte et finir en prison. J’ai envie de dire qu’il y a moyen de trouver un complément, quand le trouble n’est pas aussi obsessionnel que le mien. J’ai fait la bêtise de ne pas en parler pendant 20 ans et donc ça prend une place incroyable dans la tête. Il faudrait que je tombe sur une personne adulte, qui fasse naître en moi une émotion, qui se rapproche de ce que je peux ressentir quand je croise un garçon. Heureusement qu’il y a l’Ange bleu où je peux parler avec Latifa et les bénévoles de l’Ange bleu. Je n’ai plus de suivi psychologique car les médecins sont dépassés, ils n’y arrivent plus. Ils me proposent leurs médicaments et moi je n’en veux pas de ça. Je préfère sauter d’un pont que de coucher avec un garçon. Si on me dit « pédophilie » je pense à « souffrance », il n’y a pas d’autres termes. Il y a des groupes de pédophiles qui parlent entre eux et qui fantasment sur les mêmes personnes et ils vont te dire qu’il peut y avoir des actes consentis, et j’ai pu pendant un moment penser ça. Pendant des années, je parlais avec eux, je me disais que je n’étais pas seul et qu’il y a des personnes qui pensent comme moi.  Mais à un moment tu leur dis « Merde ! Tu as couché avec un gamin de 13 ans ». Ils ne se rendent pas compte des traces qu’ils peuvent potentiellement laisser, ce qui va se passer quand il va grandir. Tu te dis qu’il l’a bien vécu parce qu’il revient vers toi, mais est-ce que tu es dans sa tête ? Je ne veux plus faire partie de cette communauté-là. Même si c’est le seul endroit où je me sens reconnu par des gens, je me sens entendu. Quand je parle avec eux, je me dis qu’ils sont comme moi. Si je reste avec eux, c’est obligé, je vais banaliser la chose et dans quelques mois, je vais passer de l’autre côté ; du côté des personnes qui ont agi. Et ces personnes vont te dire que ce n’est pas si grave. Ne pas le normaliser, c’est laisser moins de place à ça, c’est le déposer quelque part. Plus on en parle et moins il y aura d'actes pédocriminels. Il faut se forcer et s’autoriser à rencontrer des personnes qui ne correspondent pas au profil type. Rencontrer des personnes qui peuvent te faire sentir vivant. C’est mon dernier espoir. J’ai accompagné beaucoup de personnes en situation de handicap et elles s’en foutent de leur handicap, mais ce qui leur manque, c’est d’avoir une vie affective et sexuelle. J’aimerais quand même laisser un message d’espoir, même s’il faut parler de la souffrance, car il y a des témoignages sur internet d’un mec qui avait demandé à être euthanasié en Belgique, parce qu’il ne supportait plus son attirance pour les garçons. Cela faisait 18 ans qu’il travaillait dessus, il n’y arrivait pas. Avant je me disais que c’était extrême d’en arriver là, et depuis un an je commence à comprendre sa démarche. C’est comme un lierre qui a tout envahi. 

T : Il faut que tu trouves ton désherbant.

« Je veux laisser un message d’espoir pour les gens atteints de ce trouble (…) mais en fait, je n’aurais jamais connu l’amour. »

6.

Entretien: Salò et Tibo « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

T: Est-ce que tu as en tête un physique pour ta partenaire idéale?

S: Non je n’ai pas de physique idéal. Même si je suis plus attiré par les morphotypes des femmes caucasiennes. Pas forcément grandes. Aux formes avenantes, un brin sportives quand même. Après rousses, blondes, brunes, violet, je n’ai pas de type particulier. Le physique compte mais y’a pas que le physique. Plutôt des filles des pays de l’Est. Une taille plutôt svelte un peu plus grande que moi. Pas trop de poitrine, mais quand même, de belles hanches. Je suis plutôt hétérosexuel de ce point de vue là, même si j’ai eu une expérience homosexuel. J’accorde beaucoup d’importance à l’intellect, à un esprit incisif. Quelqu’un aimant découvrir, expérimenter, avec de la maturité. L’intelligence du cerveau, alliée à l’intelligence du coeur et à celle du corps c’est très important. C’est un alliage. Des comportements plutôt enjoués et joueurs. Un peu comme moi, iconoclaste. Mais j’aime l’activité et le rire. Tu mets tout ça dans le shaker et on voit ce qu’il sort.

T: Tu es avec une personne comme ça en ce moment? 

S: En ce moment je suis avec 3, 4 personnes, en plus d’amitiés avec benefices, comme on dit. Après les idéaux c’est partir de représentations qui ne sont pas forcément de bons guides. Je suis plutôt quelqu’un qui vit ses trucs. J’ai vécu maritalement avec deux personnes. La chose idéale pour moi c’est d’avoir des relations amoureuses et de couples mais qui soit dans un cadre respectueux de l’autre. Le cadre dans lequel je suis actuellement, est respectueux de l’autre. Je n’ai pas un relation monogame et c’est connu des protagonistes. Donc après tu me parles à chaque fois d’idéal… Si je fais des enfants avec un personne pendant un moment de ma vie, mais si je n’ai plus de désir sexuel pour cette personne, et que je vais en voir d’autre, et bien on verra comment j’affronterai les choses. Et si je peux tout avoir en même temps, c’est très bien! Je suis quelqu’un qui s’adapte aux parcours de vie, plutôt que quelqu’un qui recherche un partenaire idéal. J’aimerai bien avoir des enfants, mais je ne veux pas avoir des enfants, pour avoir des enfants et pas tout seul. Donc il est possible que je pose mon choix sur une personne, du moins pour un temps, pour donner un cadre familial aux enfants. Même si beaucoup de formes de cadres sont possibles. Je n’aime pas ce concept d’idéal, parce que c’est une quête de l’insatisfaction. Quand y a truc que j’aime bien ou que j’ai envie de faire et bien je le fais. 

T: Alors on va essayer de faire un truc beaucoup plus terre à terre, et peut-être plus violent. Est-ce que tu es prêt (rires)? 

S: Oui 

T: On va parler de ta situation actuelle. Tu m’as dit que tu avais 3, 4 partenaires en ce moment. Tu en as 3 ou tu en as 4? 

S: Précisément il y en a 3 de plus réguliers. 

T: Est-ce qu’on peut les appeler A, B et C? Ou est-ce que tu veux qu’on donne d’autre lettres? 

S: Je m’en fou, oui, A,B et C. 

T: Il faut juste que tu arrives à te dire qui est A, qui est B et qui est C. Est-ce que tu peux me parler de A physiquement et intellectuellement? 

S: Ce qui me plaît le plus chez A… C’est une grande brune très intelligente, très cultivée, un peu fofolle et très délurée sexuellement. B est une encore plus jolie femme, qui a un côté inaccessible et on a une très très bonne entente sexuelle. Et C, est une femme aussi très jolie mais plus dans un sens mignon, et qui a un caractère très enjoué, très rigolo. Avec qui j’ai aussi un très bonne compatibilité sexuelle. Mais c’est dans des caractères plus maternelle, B et C sont mamans alors que A ne l’est pas. Toutes les trois sont des pays de l’Est (rires). Est-ce que, pour ton concept d’idéal, la fusion des trois serait une femme idéale pour moi? Peut-être, mais ça ne marche pas comme ça pour moi. 

T: Là j’ai plutôt dans l’idée de faire trois corps de femme. Car tu n’arrives pas à me dire si tu préférerais une seule personne ou plusieurs, et que le concept d’idéal, de toute façon ne te plaits pas. Donc il me semble plus pertinent d’aller dans ton sens et de faire trois corps distincts, qui seraient une seule sculpture pour toi. Est-ce que tu peux t’attarder plus sur chacune de ces femmes? 

S: A fait 1m 78, B doit faire ma taille et C, 1m 68 un truc comme ça. J’ai déjà couché plusieurs fois avec d’autres femmes avec A, elle est très ouverte, elle à plein d’autres partenaires. J’ai couché avec d’autres mecs avec elle. C’est quelqu’un qui a une vision de la sexualité assez libre. Elle est polyglotte et a fait des études, elle change encore de métier là, elle est très érudite. Enfin les trois, chacune de leur côté sont très intelligentes, mais A en particulier. B est blonde aux cheveux longs à la poitrine opulente, refaite, mais opulente. J’ai plutôt tendance à préférer de plus petites poitrines, c’est… Newton et la pesanteur ont leur effet, voilà. Mais là, ils vont se tenir, puisqu’ils ont été refaits. 

T: (rires)

S: B est beaucoup plus charnelle que A et même que C, avec un visage très féminin et très joli. Elle est très féminine, elle plaît beaucoup. C’est, en effet, B qui se maquille le plus. Très peu de maquillage pour A, et un maquillage très naturel pour C. Et puis B, s’habille toujours très bien, toujours très chic, elle a les moyens donc là on va jusqu’à la haute couture. Des bijoux qui vont être très sexy, sans parler des dessous. Des bijoux de biceps, ou des bijoux de doigts entiers, ou des bijoux de coup, de chevilles, tout. C, est châtain avec les cheveux courts. Moins longiligne que A, mais très bien proportionné, de très belles fesses. Une très jolie femme qui à un côté plus mignonne; c’est pas la fille devant qui tu tombes en pâmoison, c’est pas le visage mannequin, mais très mignon. Les trois, je les aime bien nus. Mais B porte très bien la haute couture. J’aime bien les femmes très bien habillées et très élégante donc… les trois j’aime bien les voir comme ça. A, plutôt en sous vêtements féminins sexy, il peut y avoir des chaines dessus des bijoux, des lacets des noeuds… Et pour C nue. B est souvent bronzée, et A est peut-être un peu plus blanche. A a des cheveux mi longs brun fins, pas beaucoup de volume, alors que dans B y a beaucoup de volume. Les plus jolies chaussures c’est évidemment B, mais elles sont biens toutes les trois dans des talons. Ça j’aime bien moi les talons, je suis assez fétichiste. Les chapeaux vont bien à C, tout les genres, elle a une tête à chapeau. En terme de corpulence on a la grande longiligne fine, la plus plantureuse, et après on à la synthèse entre les deux. 

T: Merci beaucoup.

« A,B et C »

7.

Entretien, Seongju Hong et Tibo « Ces corps que tu n’as pas à craindre » Galerie Mansart 2021

S: Est ce que c’est ok, je n’ai pas préparé dans ma tête ou dans mon coeur pour répondre quelque chose. Est ce que ça va avec toi ? 

T: Bien sur c’est juste une discussion casual. Avec tout le travail que tu fais sur ton rapport à l’autre ta reflexion sur l’amour etc tu es toujours en train de préparer ce moment :)

S: D’accord c’était juste pour savoir. Tout à l’heure je suis allé à un café en plein air avec ma mère et en fait il y avait des pins, l’arbre. Il y avait un jardin avec 7 pins en ligne. Chaque pin avait une forme très différente. Et on a parlé de ces arbres et à un moment ces pins sont presque devenus des personnes. On s’est posé la question du pin qu’on aimait le plus, et puis j’ai répondu, j’aime le quatrième le plus. Le premier et le deuxième ont des formes trop parfaites un peu penchées avec des feuilles assez lourdes symétriques et asymétriques en même temps, c’est trop parfait. J’aime pas trop. Parce que pour les pins en Corée il y a une sorte d’état parfait traditionnellement. Dans la peinture orientale coréenne on dessine des pinces très parfaits. Mais le quatrième a une forme assez droite mais pas vraiment droite et des épines pas très régulière et il y a des vides un peu partout. Et j’ai dit que j’aimais bien ce pin et ma mère était d’accord avec moi, mais mon père non, il aime bien ce qui est un peu plus parfait. Après  j’ai regardé ces pins pendant longtemps et je me suis dit, ok et si j’avais quelqu’un qui me plait vraiment lequel de ces pins serait-ce? Et ce n’était pas le quatrième!  Le quatrième c’était plutôt moi, je voulais que ça soit moi. Je voulais que mon amoureux soit le troisième ou cinquième.  Le troisième était plus petit que le quatrième mais qui avait beaucoup plus d’épines et il donnait une sensation rassurante peut-être, plus stable ou équilibrée. Et puis le cinquième c’était un pin beaucoup plus grand que le quatrième du coup il y avait beaucoup de place pour les petits oiseaux , pour venir et rester sur chaque parties des branches. J’aimerai bien être amoureuse avec une personne qui est comme le troisième ou comme le cinquième ou les deux ensemble mais je ne sais pas si ça peut être les deux ensemble. (Rires) 

T: Est-ce que tu peux me parler plus du quatrième s’il te plait. 

S: Il n’y avait pas beaucoup d’épines donc on ne peut pas être caché du soleil quand on est sous cet arbre, le quatrième. Du coup il y a beaucoup de soleil qui pénètre un peu partout. Et ce n’est pas vraiment droit mais il était plus droit que tout les autre pins autour. Et normalement, en Corée un pin à beaucoup plus de valeur si il est penché dans un sens ou dans l’autre. Et ça à l’air cool si c’est très penché aussi (rires). Mais celui là n’était ni vraiment droit ni vraiment penché. Il était doux et il n’était pas lourd, pas imposant. J’aime beaucoup ce quatrième arbre car je n’aime pas la forme parfaite. Et j’aime bien que l’ambiance sous cette arbre ne soit pas trop rassurante car ça me donne l’impression que c’est plus libre peut-être. Je ne peux pas tout décrire en mot car c’est plutôt des sentiments. 

T: Mais ce manque d’épine, c’est un incapacité à rassurer les autres ou à se protéger soi-même? 

S: Soi-même.

T: Et comme tu ne peux pas te rassurer, tu es plus libre? 

S: J’aime bien cette vulnérabilité. Je veux garder ça. C’est pour ça que je me vois dans cet arbre. 

T: Mais est-ce que cette vulnérabilité t’empêche de protéger les autres? 

S: Je n’ai pas pensé à ça.

T: Ça revient souvent dans les entretiens, le fait d’essayer de savoir avec qui on voudrait être idéalement, renvoie régulièrement à la question de qui on voudrait être soi-même. Comment imaginerais-tu ces pins, trois et cinq, si il étaient des êtres humains? 

S: Franchement, je n’ai pas beaucoup pensé au troisième mais le cinquième, si je l’imagine comme un garçon, c’est quoi en français… qui a les yeux profonds, qui est sensible et qui peut laisser les autres entrer dans sa vie. Who is emotionally stable, voilà! And who like birds (rires)! 

T: Et est-ce que tu as une idée du physique idéal de ce garçon? 

S:Je m’en fiche si il est asiatique ou pas. J’aime bien cheveux un peu bouclés, un peu longs et bruns. Je dis ça avec mon coeur (rires). Et puis si il est grand oui, pourquoi pas, je m’en fiche un peu. Et les yeux brillants voilà avec un joli sourire. Qui est un bonne santé et un peu musclé c’est bien, parce que ça veut dire qu’il fait du sport. Parce que j’ai passé une période ou j’étais très faible physiquement  donc je me suis vraiment dit que je devais faire des efforts pour mon corps. Donc si je suis avec quelqu’un je veux qu’il fasses attention à ça aussi. 

T: Et quand on te demande pourquoi tu n’es toujours pas en couple à 30 ans alors que tu es si belle et si intelligente, qu’est-ce que tu réponds? 

S: En fait il n’y a pas une seule réponse. Et si c’est quelqu’un qui n’est pas si proche de moi mais que j’aime bien, qui me demande je leur dirais que je n’ai vraiment pas trouvé quelqu’un qui me plaît jusqu’au fond. Je n’arrive pas à tomber amoureuse de quelqu’un si je ne suis pas complètement dans cette personne. Pour être vraiment dans cette personne, elle doit me plaire beaucoup beaucoup beaucoup. Il y avait plusieurs personnes qui me plaisaient un peu, mais quand je continue à les regarder, au bout de une semaine ou deux, mon intérêt pour eux disparait. Donc oui j’ai eu deux copains avant, un mois et un mois et demi chacun. Le premier, je l’aimais pas mais juste j’ai dit oui quand il voulait être en couple avec moi, je pour avoir un copain, car je n’avais jamais eu de copain avant. J’avais 20 ans et j’avais un peu honte que je n’ai pas eu de copain jusque là. Du coup j’ai seulement accepté pour ça. Et au bout d’un mois je ne pouvais plus. Il embrassait trop bizarrement, c’est pas le seul critère mais c’était quand même un peu choquant. Car lui c’était mon premier copain mais ce n’était pas mon premier kiss tu vois. Et vraiment c’était bizarre. Mais physiquement il ne me plaisait pas. Et le deuxième, il me plaisait physiquement mais il n’y avait pas vraiment de conversations interessantes avec lui, et en plus on s’est séparé parce que je suis parti pour la France. Ce n’était pas un break up, je ne veux plus de toi, mais dés que je suis arrivé en France, le premier jour de mon arrivée, je ne voulais plus lui parler, je ne sais pas pourquoi. Genre mon émotion à complètement disparu en 13h et c’était un peu choquant pour moi aussi. Après oui, il y a eu des crush de mon côté, ou de celui des autres, mais pas d’évolution d’émotions mutuelles. Tout simplement. 

T: Tu sembles avoir ces convictions religieuses que des amis à moi avaient également, maintenant ils ont mon âge donc 23 ans et ils sont mariés avec des enfants. Et quand j’ai demandé à mon amie, comment elle pouvait être sûre si jeune que c’est le bon, elle me disait bien sûr qu’elle était très amoureuse de lui mais que même si un moment elle n’en peut plus, elle se dirait que c’est lui qu’elle à choisit. Même si dans 20 ou 30 ans il n’a plus l’étincelle entre nous, je me dirais que c’est lui que j’ai choisit et c’est ce qu’il me fera rester avec lui. Parce que pour eux le divorce est pas possible. Parce que je vois que tu es vraiment guidé par ton coeur. Mais est-ce que tu as ce côté rationnelle comme elle lié à la religion, de te dire que de toute façon c’est lui l’homme que tu as choisi? 

S: Je pense qu’avec ma croyance, le mariage c’est pas 100% le résultat de l’amour. Le but c’est l’amour. Oui bien sûr la raison c’est l’amour mais ce n’est pas tout. Je me suis marié avec lui parce que je l’aime, mais surtout je me suis marié avec lui pour compléter l’amour, c’est plutôt ça oui. Pour faire l’expérience de tout les aspects de l’amour, le bien et le côté très douloureux, pour faire ces aventures avec lui. C’est une sorte de promesse mutuelle, pour partir ensemble. C’est pour ça que je vais essayer de ne pas casser le mariage, une fois que je me suis décidé de me marié avec quelqu’un. J’essaierai jusqu’à la fin de garder cette promesse. Mais quand je vois des gens dans ma famille, je me dit que si un ne divorce pas, ils vont se tuer. C’est pas possible. On est humain, je suis faible, je peux tomber.  Je parle de ma croyance et de la promesse que je peux faire, aujourd’hui et maintenant. 

Si je dois parler de moi et de ma personnalité, un peu cachée profondément, par rapport à l’autre. Il y a une partie de moi que je suis très charmante, séductrice, et si il y a quelqu’un qui me plaît, je suis sûre que j peux être avec lui.  Il y a une partie de moi qui se sent comme ça. Ce n’est pas du mensonge, mais il y avait vraiment une partie de moi qui croit à ça. Et puis il y a une autre partie qui est opposite, où il n’y a vraiment pas de confiance en moi par rapport au charme envers les autres. Je ne suis pas sûre que l’autre va m’aimer, du coup je laisse tomber très vite. C’est très compliqué pour moi. Je pense que c’est dû à quelque chose qui m’est arrivé pendant mon enfance. Quand j’étais au collège il y avait cette tension entre amis. Si on était trois, et qu’il y en a deux qui deviennent plus proches, le troisième et un peu à l’écart et tu ne veux pas être ce troisième. J’ai beaucoup d’expérience, des fois j’étais le plus proche et des fois j’étais la troisième. C’était comme une guerre dans ma tête, parce que je n’étais pas très proche de ma famille quand j’étais plus jeune, et les amis étaient TOUT pour moi. Et quand on était trois amies et qu’on sortait je me sentais toujours exclue. Peut-être que ce n’était pas le cas mais c’est comme ça que je me sentais. Au lycée je faisais partie des deux plus proches. Je me sentais tellement forte au lycée. Et quand tu ressens toutes ces tensions pendant des années et des années, sous des formes différentes, et tu as cette peur qui te donne envie de te protéger. C’est ce qui me stressait le plus jusqu’a mes 20ans. 

T: Comment connectes-tu tout ça à la manière dont tu envisages les relations maintenant? 

S: Je pense que j’ai perdu beaucoup de confiance en moi en vivant dans toutes ces tensions. Et quand tu as un crush sur quelqu’un et que tu ne sais pas si c’est réciproque, je ne veux même pas montrer mon intérêt, car je ne suis même pas sûre de moi. Donc je veux être sûre que la relation n’est pas de tension, mais ça n’arrive pas si je ne fais pas le premier pas. Donc je recule et passe à autre chose et j’oublie. Les amis autour de moi sont beaucoup plus ouverts que moi. Elles sont plus ouvertes à accueillir un amoureux dans leur coeur, même si ce n’est pas une personne idéale. Même si ce n’est pas une personne qui leur plait complètement elles laissent leur coeur ouverts. Elles accueillent cette personne, et elle voient ce qu’il se passe. Moi je n’arrive pas à faire ça, je ne sais pas pourquoi. Je sais qu’il n’y a pas de personne idéale, mais je dois au moins trouver quelqu’un qui me donne envie de faire des compromis. Je me sens très extrême seulement avec ce type de relation. Avec la famille et les amis je me suis plus ouverte, je sens qu’il n’y a pas de personne idéale. Peut-être c’est parce que je n’ai pas assez d’expérience, et quand j’en aurais je pourrais sortir de mon idéal. 

T: Est-ce que tu arriverais à imaginer le genre de personne qui te donnerait envie de faire des compromis?

S: Oui, c’est le cinquième pin. Quelqu’un qui peut voir profondément en lui et dans les autres. Qui est sensible aux sentiments des autres et à ses propres sentiments. Et qui laisser les autres influencer ses opinions et son avis. Quelqu’un qui peut partir à l’aventure avec moi, qui peut danser avec moi. Qui est stable émotionnellement mais libre et avec les yeux brillants. Alors je pourrais faire des compromis sur d’autre choses je pense, comme son travail ou son physique.

T: Si tu ne peux pas me donner d’éléments physique précis, est-ce qu’il y a des symboles qui pourraient correspondre à ton partenaire idéal?

S: Pour l’instant j’ai cet arbre dans ma tête. Il a l’air de deux arbres qui sont devenus un. C’est une branche qui commence de très bas c’est comme si il y avait deux arbres mais très très proches. Et c’est un peu courbé, donc il a l’air de danser. Les branches sont un peu dans toutes les directions et au bout de chaque branches, il y a comme des petits nuages d’épines. De loin, c’est un arbre qui te donne une impression rassurante. Mais quand tu vas sous cet arbre, tu peux voir cette ligne sous ces branches courbées qui dansent, donc tu as toi aussi l’impression de danser. Comme une comédie musicale, une ambiance joyeuse, légère. Ça te donne envie de vivre dans cet arbre. Donc le fait de faire un arbre et pas un corps humain est beaucoup plus proche du sentiment que j’ai, oui.

T: Merci beaucoup Seongju!

S: Merci beaucoup Tibo!

« Le cinquième pin »

 

REMERCIEMENTS DE TIBO

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Léo Landreau

Léa Levasseur

Maud Marichal

Miss Mé

Frank Mecking 

Mon Lili

David Ornem Tariant

Ola Odzioba

Deo Quintela

Lubomir Roglev

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Servane Varnese

Diego Villar van Reybroeck

Avec la création parfumée originale d’Ant-To « Au pied des corps ».

Sophie Achary

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