FLOWER POWER + LUDI

NIYAZ NAJAFOV

2 février - 19 mars 2017
Vernissage : 2 février 2017 à partir de 18:00

Commissariat : Azad Asifovich


Niyaz peint des bouquets de fleurs. Des peintures murales de l'Égypte ancienne jusqu'à la décoration de palais de Versailles, le motif floral est un élément traditionnel de la peinture. Il prend de la noblesse au XVIIe siècle, au pays de la Tulipe, et constitue thème privilégié dans les natures mortes. Comme pour Niyaz, les compositions de bouquet sont artificielles et les fleurs représentées sont un pur produit de l’imagination de l’artiste.

Nous nous sommes rencontrés à l'occasion d’une foire. Un autre artiste azéri, de gauche et bien aimé par les institutions, me présente un homme de 40 ans, qui a l’air de vouloir être ailleurs : « Azad, c’est Niyaz. Il est azéri. Il est artiste. Il fait de la peinture. Il ne parle pas français. Parle avec lui ».

Le critique Lorenzo Belenguer a qualifié Niyaz Najafov de successeur de Francis Bacon. C’est bien un enfant du XXe siècle. Son vocabulaire, sa culture artistique, ses références, font de lui un héritier du siècle dernier. Au bout de trois minutes de conversation, je sais tout de lui. Il parle. On sent bien un homme qui veut parler, un homme qui a besoin de parler, qui a une soif de parole.

Je me retrouve à Montreuil, devant son atelier. Il est heureux, car il regrette de ne pas avoir autant de spectateurs qu'il le voudrait ; « tu es un mur pour moi, pour que je puisse avoir le reflet. Je lance une balle - je te montre un tableau - et elle rebondit - je vois la réaction sur ton visage ».

Si l’on admire les peintures de Niyaz sans prendre en compte leur contexte de production, on ne peut que les trouver touchantes et belles, mais démodées. Les faits sont là, et ce que l’on pourrait interpréter comme péjoratif est en réalité ce qui rend son œuvre intrigante. Niyaz est un peintre de tradition passée.

Il commence à me montrer des tableaux. J’ai l’impression que ses peintures se rejoignent d’une manière infinie. Il travaille beaucoup. Cette impression d’un travailleur d’usine. Il vient à midi et part à 23h, six jours par semaine. Comme les ouvriers, auxquels il s'identifie.
Son expérience hors du commun donne de la poésie à son travail autour de l'expressionnisme figuratif. Cette même poésie qui animait au XXe siècle les bouquets de Raoul Dufy. Ce dernier, dont s’inspire manifestement Niyaz, peignait aussi des bouquets à la chaîne. Lui que l’on disait être superficiel, était cependant toujours dans une recherche constante de réflexion sur son œuvre.

Il me rappelle Balzac. Vera Reznik disait de lui : ‘Balzac c'était un titan de la volonté”. Niyaz est un titan de la volonté. Il n’a jamais été en école d’art. Il est autodidacte et ne peint pas pour faire de l’art contemporain. C’est un artiste qui a une manière différente d’approcher l’art tel que nous le faisons aujourd’hui, dans une constante recherche de l’ironie, souvent provocante.

Niyaz sacre la peinture. Il ne veut pas la remettre en question, il veut la glorifier. Lorsqu’il parle de son travail, il utilise un vocabulaire classique de peintre : la lumière, la couleur, la composition, les ombres. Inspiré par des peintres du siècle passé, il réinterprète le rendu de la couleur à travers un coup de pinceau épais et imprécis que l’on trouvait dans les peintures de Denis Laget. Niyaz vénère la peinture et d’ailleurs, ses œuvres sont produites de façon frénétique, voire compulsive. L’artiste s’y adonne à un rythme effréné, parfois pendant des mois. Il crée des fleurs à la chaîne.

Il commence à sortir d’un carton, une pile de je ne sais quoi.

Ainsi les fleurs de Niyaz se comptent par centaines. Chacune peut être admirée séparément, selon sa taille, ses couleurs. Chaque fleur, seule, reste forte. Le spectateur est touché par l’épaisseur de la peinture. La fleur veut sortir du tableau et les pétales en relief, agités par le mouvement intrinsèque au tableau, illustrent cette volonté. Elles forment aussi un tout, et la variété qui réunit des formes et des couleurs est toute aussi impressionnante à observer.

Je les vois. Les bouquets. Il me faut du temps pour comprendre. Un véritable exercice de peinture. Je commence à en regarder une, puis une autre, puis encore une autre… C’est seulement après une centaine des bouquets que je me rends compte. Niyaz est un grand artiste. Je n’ai plus peur de la peinture.

Gavriella Abekasis et Azad Asifovich

Article paru dans le Huffington Post le 15/02/2013

Ses oeuvres sont brutes, crues et sophistiquées à la fois. Tout à fait sur la même ligne stylistique que Bacon. Cependant, dès qu'il attire votre attention, on découvre une distance avec le vieux maître, et Bacon devient un point de départ. (...)

Dans sa peinture, les indices offerts à l’interprétation sont souvent trompeurs. (…) C’est là que Niyaz se différencie de Bacon et imprime sa marque. Il montre que les émotions humaines peuvent être peintes sous un jour positif. Il a le pouvoir de transformer des scènes de la vie quotidienne en peintures monumentales d’émotions ignorées. Le spectateur est confronté à un spectre de sentiments, une palette de leurs origines et de leurs conséquences. Le spectateur devient le témoin de scènes ordinaires qui font l’objet d’un traitement spécial : elles sont élevées au rang de scènes héroïques, au sein d’un film épique. Nos vies quotidiennes, pleines de routines, sont transformées en une série d’exploits passés inaperçus pour tous, sauf pour le regard alerte de Najafov. Il excelle dans la description de l’humanité, sous son meilleur et son pire jour. Des couleurs vives : rouges, roses, jaunes, se rencontrent dans une frénésie d’activité au centre desquelles se retrouve toujours l’homme. (…) Il n’y a pas de jugement et tout est d’une égale importance et d’une égale exposition.

Niyaz fait partie d'une génération d'artistes qui ont trouvé un soutien renouvelé sur la scène artistique azéri bourgeonnante. Dans le monde de l'art contemporain qui ne cesse de s'étendre, l'Azerbaïdjan est une des nouvelles frontières où la chute de l'Union Soviétique a fait naître une nouvelle vie culturelle très riche, aux répercussions internationales. A partir de 2007, l'Azerbaïdjan participe à la Biennale de Venise et des œuvres de Najafov sont sélectionnées l'année suivant pour le pavillon du pays. En janvier 2012, il participe également à une exposition d’art azéri, Fly to Baku, chez Philips de Pury à Londres.

Niyaz Najafov a reçu un entraînement de soldat et de professeur de combat au corps-à-corps. Ce n’est qu’en 2004 qu’il a commencé à expérimenter la peinture à l’huile. Inspiré par d’autres artistes autodidactes comme Paul Gauguin et Francis Bacon, il ne lui a fallu que cinq ans pour représenter son pays à la 53ème Biennale de Venise. Najafov a également exposé à Paris, Moscou, Berlin et Genève et ses œuvres font partie de plusieurs collections nationales et internationales. ​

Lorenzo Belenguer, critique

Voir l'article sur le site du Huffington Post

Exposition I - "FLOWER POWER" Fleurs, 2007-2017

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Exposition II - "LUDI" Rétrospective, 2010-2016

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