WILDLIFE PHOTOGRAPHY

PAUL HUTCHINSON

3 novembre - 30 novembre 2016
Vernissage : 3 novembre 2016 à partir de 18:00


La galerie Mansart est heureuse de présenter la première exposition personnelle en France de Paul Hutchinson. Ce jeune photographe germano-irlandais a grandi dans le Berlin des années 90, une ville qui a fait de lui un témoin attentif et privilégié des cultures urbaines contemporaines et de leur potentiel interculturel.

Son premier livre, B-Boys, Fly Girls & Horticulture (2015), construisait des ponts entre la scène hip-hop de Bangalore (Inde) et les milieux underground berlinois. Il poursuit son travail documentaire et poétique dans "Widlife photography", une plongée au cœur de la station de métro Hermannstraße dont les murs ont été peints et recouverts d'une étrange jungle artificielle. Paul Hutchinson explore notre rapport au quotidien et à l'exotisme en portant son regard sensible et esthétique sur l'espace public, l'intégration sociale et la tentation ethnographique.

Diplômé de l'Université des Arts de Berlin et du Central Saint Martins College of Art and Design de Londres, Hutchinson a travaillé à New York, Barcelone, Rio de Janeiro et plus récemment Bangalore, avant d’installer son studio à Berlin. En 2016, il est lauréat du prix Eberhard Roters pour la jeune création du Musée d'Art Moderne de Berlin (Berlinische Galerie), et plusieurs de ses œuvres font leur entrée dans la collection du musée. ​


Post-face de Wildlife Photography, par Shahin Zarinbal

L’actuelle station Hermannstraße[1] est une excellente preuve de l’ampleur de la métaphore de la jungle urbaine. La plupart des photos de ce livre y ont été prises. Singes, tigres et perroquets peuplent les murs de cette station de métro berlinoise, empruntée quotidiennement par des milliers de d’individus qui éprouvent certainement des sentiments allant du trouble et du dérangement à l’indifférence et à un amusement distrait. Peut-être même éprouvent-ils un désir pour le désordre public.

L’infrastructure est au cœur de la ville moderne. L’« urbanité » est alors la relation entre les structures : l’absence de transgression individuelle au bénéfice d’une uniformité collective, d’une dynamique collective. Mais quelle peut-être l’intention à l’égard de ses citoyens d’une ville qui décide de redessiner l’intérieur d’une station de métro, connue pour sa diversité culturelle, en jungle pleine d’animaux fantastiques que vous pourriez trouver dans un livre destiné aux enfants de 3 ans dans les années 80?

Ces images, dans leur apparence d’origine et, quoique différemment, dans les photos de Paul Hutchinson, disent quelque chose de notre représentation de la nature, nous, citadins. De la manière dont nous l’imitons, dont nous y faisons référence comme à un monde étranger mais dont nous désirons tant rester proche.

Wildlife Photography est un voyage visuel et social, qui nous emmène dans l’un de nos nulle part les plus communément fréquentés : une station de métro. Fourrés impénétrables, flux déchaînés et mugissements lointains forment cette jungle imprédictible. C’est incroyable de voir des tigres sortir de leur cachette et observer silencieusement des éléphants traverser une vallée. Et, soudainement, des barres d’acier immaculées coupent le ciel et les corps des animaux, séparant les surfaces, les poubelles, les portes et les boutons d’alarme au milieu de la végétation luxuriante. L’architecture du métro fait violemment irruption. Avec un appareil de téléphone, Hutchinson approche ces sujets avec une distance de sécurité, lorsqu’il change de métro, utilisant toute l’étendue du zoom à sa disposition. Il est en safari photo.

Les marques de la civilisation fonctionnent comme éléments formels qui intègrent la structure des images faussement exotiques. Ils constituent une critique sociale évidente, qui déconstruit les bonnes intentions des inventeurs de ce lieu et pointe leur incompréhension radicale du potentiel de cohabitation de différentes cultures. Mais Hutchinson va plus loin que cette étrange tentative de réconcilier des cultures « exotiques ». Dans ses images, il cherche à extraire des traits de candeur de cette jungle très particulière. En changeant le contexte et l’hypertexte des éléments architecturaux, des piliers et portes, des surfaces accidentées, il crée de nouveaux cadres dans lesquels les petits détails prennent un nouveau sens, transformant alors un environnement donné en témoignage de l’état du monde.

On remarque dans le livre des images éparpillées qui, de toute évidence, ont été prises à la surface, et qui interrompent ce flux narratif du faux exotique. On voit une « vraie » plante, une « vraie » femme dans un body léopard, un papillon, une main touchant une feuille. On passe de l’intérieur à l’extérieur, on revient à l’intérieur, et on constate que l’intention d’Hutchinson est de rendre communicable la banale mais essentiellement curieuse expérience de se familiariser avec des situations et objets qui nous ont paru étrangers un jour. Et c’est ce sens de l’émerveillement et de la beauté, transposé dans une jungle où tout a été vu un million de fois, qui est sans doute tout le sujet de ce livre.

De retour dans le métro, on observe ces drôles d’animaux dans leur habitat naturel, nous regardant comme si nous étions là pour profiter de leur simple présence. Comme s’ils étaient là pour nous rendre heureux et optimistes pour l’avenir. Il ne se sont pas simplement adaptés à nos besoins de métal, de bancs et d’extincteurs dans leur jungle. Ils ont même l’air cool, un tag sur le visage.

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