ECLOSION

CÉLIA BERTRAND, MARGOT SPUTO

2 octobre - 4 octobre 2015

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Rendre visible le son d'un cri est l'un des défis lancés à la représentation artistique. En raison de l'improbable concordance du visuel et de l'auditif, montrer le cri relève du domaine de la métaphore visuelle. L'une des plus célèbres de ces dernières années est peut-être Milk de Jeff Wall où l'explosion d'une bouteille de lait donne, selon l'auteur, l'idée du cri d'un homeless assis dans la rue. Mais ce renversement de lait s'inscrit aussi dans la tradition de l'iconographie classique (la cruche renversée et la malédiction), et c'est peut-être du côté de la représentation académique des passions qu'il faut regarder : en matière d'effroi ou d'horreur, l'image du cri est dans l'enseignement académique une « tête d'expression »

Avec l'arrivée de la photographie, on sait que la modernisation de l'étude des passions passe par les expériences électrophysiologiques de Duchenne de Boulogne ou bien par les travaux à partir d'acteurs de théâtre de Charles-Émile François-Franck, le successeur d'Etienne-Jules Marey au Collège de France. Dans toute cette histoire, il s'agit de constituer un schéma expressif qui peut être très éloigné du naturalisme, particulièrement bien traité par le photojournalisme et les horreurs de la guerre.

La question est donc bien : comment formaliser le cri pour en actualiser le trouble et universaliser la puissance ? La proposition ici combine la projection de l'image et la construction de dispositifs et de formes sculpturales. Pensée comme un excès et un manque, cette pluri- dimensionnalité rime avec un souci d'augmenter la perception pour s'approcher d'une équivalence entre voir et entendre. Un essai synesthésique des plus contemporains.

​Michel Poivert

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